Après
le train ...
Les
entreprises occidentales délocalisent au tiers-monde pour éviter toute
réglementation quant à la manière de faire de l'argent. À la vue de la
catastrophe de Rana au Bangladesh en avril dernier au cours de laquelle plus de
1100 travailleurs du textile, des presqu'esclaves devrais-je dire, ont trouvé
la mort dans l'effondrement de leur usine, j'ai cru un instant à l'impossibilité
qu'une pareille horeur puisse survenir dans une société soit disant évoluée
comme la nôtre. Erreur! Quoi qu'à échelle réduite, cela s'est produit dans une
ville du Québec, transformant son coeur en une zone digne de guerre. Une ville
paisible et sans histoire jusqu'à date qui commençait tout juste à se préparer
pour acceuillir comme de coutume ses nombreux touristes estivaux.
Au delà de
l'erreur humaine et de l'incompétence, c'est avant tout l'amalgame toxique
déréglementation-néolibéralisme entrepris dans les années quatre-vingt par le
tandem conservateur Reagan-Tatcher qui est en grande partie responsable de
cette catastrophe dont on ne peut encore mesurer toutes les conséquences à
venir. Parce que de ce côté-ci de la frontière, le gouvernement fédéral n'est
pas demeuré en reste. À la fin du siècle dernier, les élus de l'époque,
libéraux ceux-là, décidèrent de modifier la Loi sur la sécurité ferroviaire au
motif d'accélérer la déréglementation. Politque encouragée par les
gouvernements successifs dont celui de Stephen Harper, cela va de soit. But non
avoué: laisser les coudés franches à l'entreprise privée pour économiser sur
les coûts de la prévention et sur la sécurité de la population pour augmenter
sa marge de profit.
La
poussière à peine retombée, ce champ de désolation laissé à Lac-Mégantic par le
train de la Montréal Maine and Atlantic Railway ne peut que nous amener à nous
questionner sur les dangers de cette déréglementation dont profitent d'autres
secteurs du transport des matières dangereuses. Par exemple, celui des nombreux
pétroliers qui, quotidiennement, sillonnent le fleuve entre Montréal et le
Golfe Saint-Laurent.
Gérard Audet,
Chicoutimi.