vendredi 31 août 2012

Où prendre l'argent?


Des milliardaires américains demandent qu'on leur fasse payer plus d'impôt. Des médecins canadiens  proposent de hausser les impôts des riches, eux inclus, afin de mieux redistribuer la richesse. Mais nos gouvernements néolibéralistes assujettis aux diktats de la grande entreprise font la sourde oreille.

Claude Garcia, ancien pdg de la Standard Life, avançait récemment dans un quotidien que de faire payer davantage les riches comme le promet, s'il est élu, le Parti québécois serait catastrophique pour l'économie du Québec. Il ajoutait que parmi les riches de ce monde se trouvent des chefs d'entreprises et des hauts dirigeants qui sont également des décideurs influents, en matière de maintien et de choix des sièges sociaux, de la création de nouvelles entreprises et d'emplois. Selon lui, si l'on taxe de façon exagérée nos... créateurs d'emplois, la santé économique du pays ne s'en trouvera que plus fragilisée. Et de terminer en disant que le gouvernement doit réduire les impôts des entreprises qui selon lui sont énormément taxées. Or, si l'argumentation de monsieur Garcia ne tenait pas la route?

Selon les chiffres du Ministère des finances du Québec, le taux d'imposition sur l'investissement des entreprises québécoises est de 13.8% en 2012, alors qu'en 1998 il était de 34%. À titre comparatif, au Canada ce taux est de 16.8%, dans les autres pays de l'OCDE c'est 20% et aux États-Unis, il est de 30%. Et l'on veut nous faire croire, qu'advenant le cas où patrons et entreprises paieraient leur juste part en taxes et impôts dans un paradis fiscal pour entreprises comme le Québec, une fuite éventuelle des sièges sociaux et des délocalisations soient à craindre? Mais attention, au Québec, les coûts d'exploitation d'une entreprise ne sont pas compétitifs rétorque-t-on à droite. Faux, selon le cabinet de consultants d'entreprises KPMG, Montréal se retrouve troisième sur une trentaine de grandes villes d'Amérique du Nord pour les coûts de production des entreprises les plus bas. Les coûts de production étant liés, entres autres, à l'environnement économique et à la qualité des travailleurs, quelle entreprise montréalaise bénéficiant d'un tel avantage aurait envie d'aller s'installer ailleurs?

S'il est trop demander aux élus de hausser leur charge fiscale, les compagnies et leurs patrons pourraient-ils, autrement, mettre l'épaule à la roue? À ce titre, le très conservateur gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney leur a fait, dernièrement, une recommandation. Ce dernier les accuse de rester assises sur des tonnes d'argent et de laisser aux ménages canadiens  endettés jusqu'au cou la responsabilité de continuer à supporter seuls l'économie. D'autant qu'une partie de ce butin provient d'une baisse récente de leurs impôts des compagnies, cadeau des Conservateurs au motif d'en faire davantage pour stimuler notre économie vacillante.

Mais au Canada, cet argent qui croupie dans les coffres-forts des banques  équivaut au tier du produit intérieur brut du pays dépassant 525 milliards de dollars. Combien au Québec? De l'argent qui pourrait servir à la modernisation des outils de production, en recherche et développement, à la formation des employés visant l'amélioration de la  productivité pour remettre notre économie sur les rails.

Je m'attendais à ce qu'au cours de la campagne électorale, les chefs des trois principaux partis s'expriment sur des façons de développer davantage de solidarité sociale venant des entreprises et de leurs dirigeants. Mais ils n'en ont pas pipé mot. Ou si peu! Un silence qui en dit long.

  Marcel Lapointe, Jonquière.

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