Des milliardaires américains
demandent qu'on leur fasse payer plus d'impôt. Des médecins canadiens proposent de hausser les impôts des
riches, eux inclus, afin de mieux redistribuer la richesse. Mais nos
gouvernements néolibéralistes assujettis aux diktats de la grande entreprise font
la sourde oreille.
Claude Garcia, ancien pdg de
la Standard Life, avançait récemment dans un quotidien que de faire payer
davantage les riches comme le promet, s'il est élu, le Parti québécois serait
catastrophique pour l'économie du Québec. Il ajoutait que parmi les riches de
ce monde se trouvent des chefs d'entreprises et des hauts dirigeants qui sont
également des décideurs influents, en matière de maintien et de choix des
sièges sociaux, de la création de nouvelles entreprises et d'emplois. Selon
lui, si l'on taxe de façon exagérée nos... créateurs d'emplois, la santé
économique du pays ne s'en trouvera que plus fragilisée. Et de terminer en
disant que le gouvernement doit réduire les impôts des entreprises qui selon
lui sont énormément taxées. Or, si l'argumentation de monsieur Garcia ne tenait
pas la route?
Selon les chiffres du
Ministère des finances du Québec, le taux d'imposition sur l'investissement des
entreprises québécoises est de 13.8% en 2012, alors qu'en 1998 il était de 34%.
À titre comparatif, au Canada ce taux est de 16.8%, dans les autres pays de
l'OCDE c'est 20% et aux États-Unis, il est de 30%. Et l'on veut nous faire
croire, qu'advenant le cas où patrons et entreprises paieraient leur juste part
en taxes et impôts dans un paradis fiscal pour entreprises comme le Québec, une
fuite éventuelle des sièges sociaux et des délocalisations soient à craindre?
Mais attention, au Québec, les coûts d'exploitation d'une entreprise ne sont pas
compétitifs rétorque-t-on à droite. Faux, selon le cabinet de consultants d'entreprises
KPMG, Montréal se retrouve troisième sur une trentaine de grandes villes
d'Amérique du Nord pour les coûts de production des entreprises les plus bas. Les
coûts de production étant liés, entres autres, à l'environnement économique et à
la qualité des travailleurs, quelle entreprise montréalaise bénéficiant d'un
tel avantage aurait envie d'aller s'installer ailleurs?
S'il est trop demander aux
élus de hausser leur charge fiscale, les compagnies et leurs patrons
pourraient-ils, autrement, mettre l'épaule à la roue? À ce titre, le très
conservateur gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney leur a fait,
dernièrement, une recommandation. Ce dernier les accuse de rester assises sur
des tonnes d'argent et de laisser aux ménages canadiens endettés jusqu'au cou la responsabilité
de continuer à supporter seuls l'économie. D'autant qu'une partie de ce butin
provient d'une baisse récente de leurs impôts des compagnies, cadeau des
Conservateurs au motif d'en faire davantage pour stimuler notre économie
vacillante.
Mais au Canada, cet argent
qui croupie dans les coffres-forts des banques équivaut au tier du produit intérieur brut du pays dépassant
525 milliards de dollars. Combien au Québec? De l'argent qui pourrait servir à
la modernisation des outils de production, en recherche et développement, à la
formation des employés visant l'amélioration de la productivité pour remettre notre économie sur les rails.
Je m'attendais à ce qu'au
cours de la campagne électorale, les chefs des trois principaux partis
s'expriment sur des façons de développer davantage de solidarité sociale venant
des entreprises et de leurs dirigeants. Mais ils n'en ont pas pipé mot. Ou si
peu! Un silence qui en dit long.
Marcel Lapointe, Jonquière.
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