dimanche 13 mai 2012

Porteurs d'eau que nous sommes!


       
 Dans son dernier éditorial paru le 12 mai dernier, Denis Bouchard, chroniqueur au Quotidien de Saguenay, se plaint, encore une fois, de la façon dont le syndicat des travailleurs de l’aluminium d’Alma mène son affaire durant le lockout. Bien que je sois d’accord avec lui sur le fait que ce conflit a déjà duré trop longtemps, il y a des choses qu’il a écrites qui me semblent inexactes, imprécises.

Contrairement à ce que laisse croire l’éditorialiste, le contrat visant l’échange d’énergie entre Rio Tinto Alcan et Hydro-Québec n’a pas, à l’époque, été suggéré - qui signifie « proposé » selon la plus récente édition du Larousse - par le gouvernement du Parti québécois. Ce contrat fut signé en bonne et due forme avec Alcan. Le gouvernement Charest aurait ensuite renouvelé une entente suggérée par un gouvernement antérieur? Cela ne tient pas debout!

Monsieur Bouchard, pourriez-vous expliciter davantage quand vous écrivez que la clause de force majeure que renferme l’entente a trait aux obligations d’investissement? L’obligation d’investissement par RTA serait-elle une raison de force majeure lui permettant de vendre ses surplus à Hydro-Québec durant un arrêt de travail? Ou faut-il comprendre que les 15 millions mensuellement engrangés par RTA durant le lockout, en vendant ses surplus à Hydro-Québec, seraient un effet compensatoire pour des investissements que la compagnie aurait fait dans la région? Une dette de la région envers la multinationale quoi!

Cet achat obligé d’électricité par Hydro-Québec (10 cents du kWh) est loin d’être rentable pour nous : actionnaires de cette société. Selon l’organisme Fondation Rivières bien au fait de la gestion d’Hydro, cette dernière est présentement en situation de surplus pour une durée indéterminée. Il y a une semaine, elle exportait aux États-Unis ses kWh à aussi peu que 1.2 cents en dehors des heures de pointe. J’ai la nette impression que les investissements passés ou les promesses d’investissements de RTA se paient à même les poches des contribuables du Québec.

Le président du syndicat, Marc Maltais, a déclaré, à l’émission « Tout le monde en parle », que RTA veut remplacer les travailleurs qui partent à la retraite par des sous-traités. Faux, dit monsieur Bouchard. RTA dit ne plus vouloir garantir aux syndiqués les tâches périphériques à la fabrication de l’aluminium et tant pis pour les emplois mis en péril. C’est connu maintenant, la sous-traitance est un des moyens utilisés par les grosses entreprises pour amortir leurs coûts de production. Le plus récent exemple : Bombardier de La Pocatière qui sous-traite une compagnie du Wisconsin aux É.-U. pour la fabrication des toits de ses wagons en… aluminium.

Est-ce parce que nous possédons, ici au Québec, les plus grandes réserves d’eau au monde, qu’il nous faille en être les simples porteurs? Marc Maltais, à mon sens, n’a pas cultivé de flou à TLMEP, il a appelé un chat : un chat. Faudrait être naïf pour y voir autre chose qu’un nivellement pas le bas des conditions de travail dans l’usine au profit des propriétaires et actionnaire de la compagnie.

Marcel Lapointe, Jonquière.

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