vendredi 12 décembre 2014

Mettre fin à l'ambiguité.

Je n'ai pas très bien compris le problème d'identité exprimé par Mgr André Rivest, évêque du Diocèse de Chicoutimi, dans le Quotidien de jeudi dernier. D'après lui, son identité serait bafouée en tant que citoyen de la région si la Cour suprême décidait que le crucifix n'avait plus sa place à l'Hôtel de Ville de Saguenay. Cependant du même souffle, il avoue pouvoir vivre avec le fait que la prière disparaisse au Conseil de ville. Or, prière et objets de pitié, comme un crucifix et une statue du Sacré-Coeur, exposés sur la place publique, sont contraires au principe même de laïcité qui doit prévaloir dans l'espace public au Québec.

Que veut dire le prélat de l'Église catholique quand il avance que l'enlèvement du crucifix à l'Hôtel de Ville viendrait brimer son identité de citoyen de la région? Que tous les Jeannois et les Saguenéens s'identifient au catholicisme? Bien sûr que non.Tout le monde sait que la région est également composée de non-croyants et d'un nombre croissant de citoyens de confessions autres que catholique dont plusieurs, au reste, s'identifient à la laïcité.

Dans le futur, le jugement de la Cour suprême devra éviter d'entretenir l'ambiguïté, comme celle qui prévaut toujours à l'Assemblée nationale du Québec. Là, on y tolère un crucifix alors que la prière ne fait plus partie des moeurs depuis près de quarante ans.

 David Falardeau, Chicoutimi.



jeudi 4 décembre 2014

Le beau risque?


Pour ce qui est de l'avenir de la filière aéronautique au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en ce moment, les yeux sont tournés vers Alma plutôt que vers Saguenay, si on en juge par une nouvelle parue mardi dernier dans le Quotidien. La capitale jeannoise ne cesse d'accumuler les bons coups et de susciter l'intérêt grâce à son Centre d'excellence des drones.

Au dernier Conseil municipal de Saguenay, le maire s'est chargé de rappeler aux sceptiques que l'aéronautique a de l’avenir ici à Saguenay. À Saguenay comme ailleurs, on y croit depuis que Linberg a traversé l'Atlantique dans son avion au début siècle dernier. Toutefois, ça n'a pas empêché un grand nombre d'échecs de causes multiples, entre autres, l'improvisation. Prenons par exemple l'avionneur, Cobalt Aircraft, installé à l'aéroport de Bagotville, dont le premier prototype est toujours cloué au sol depuis qu'il s'est écrasé en 2012. À celles et ceux qui mettent en doute les projets caressés par Jean Tremblay à l'aéroport de Bagotville, ce dernier réplique que seuls ceux qui prennent des risques, les forts comme lui, obtiennent des résultats. Les autres, qui questionnent ses projets aéronautiques sont qualifiés de faibles.

Mais pourquoi le projet de construction d'un motel industriel aéroportuaire à Bagotville au coût de 10 M$ payés par les contribuables suscite à ce point la controverse et la suspicion de la part de l'opposition? Parce que sa construction qui servira à abriter des avions est réclamée par l'entreprise, Discovery Air, cette même entreprise à qui la ville a déjà octroyé gratuitement un terrain à l'aéroport, afin de lui permettre de construire un édifice de plus d'un million pour un projet quelconque. Mais récemment, Discover Air a décidé de mettre fin à son projet, obligeant la ville à acheter l'édifice sous peine de se voir traîner devant les tribunaux. Le maire de Saguenay s'est défendu en affirmant que la ville n'avait pas le choix d'acheter, parce qu'elle aurait perdu un éventuel procès. Et tenez-vous bien, aucun bail n'a été signé. Seulement une entente verbale. Aux membres du conseil qui doutent et qui dénoncent l'improvisation, le maire leur répond que ses projets sont mûrement réfléchis et que fort de sa carrière de notaire, il n'a pas été assez fou pour agir comme un nul dans ce dossier.

Mais, toujours est-il que Saguenay a dû payer 600 mille dollars pour une bâtisse dont elle n'avait pas besoin, qui est, présentement, occupée au tiers par un locataire. 600 mille dollars qui auraient pu servir à des fins plus utiles et plus urgentes, comme la réfection des infrastructures municipales désuètes. Conséquemment, que l'opposition à Saguenay émette des réserves quant à l'implication de Discovery Air à l'aéroport de Bagotville cela m'apparaît la moindre des choses. Les risques sont plus faciles à prendre avec de l'argent qui ne nous appartient pas. Pour revenir à Cobalt Aircraft, on n'entend pas parler de ses projets. L'avionneur français loue pour 1$ par année un hangar construit à nos frais à l'aéroport de Bagotville pour 2,8M$. Cobalt Aircraft, qui devait au départ engager 70 personnes et qui, présentement, n'en fait travailler que 10, aux dires de son PDG, David Loury, n'a plus aucun avion qui vole à Bagotville depuis février 2013. Cette compagnie, en 2012, a approché le Fonds de solidarité de la FTQ  pour obtenir une aide financière. Le Fonds FTQ qui se spécialise, entre autres, dans le prêt de capital de risque a refusé sans détour.

Marcel Lapointe, secrétaire d'Équipe du Renouveau démocratique.


mercredi 3 décembre 2014

Vieille tactique.

En 1983, au cours du désormais mémorable conflit de travail entre les enseignants et le gouvernement péquiste, ce dernier, pour discréditer ceux-ci dans l'opinion publique, avait
 laissé entendre qu'ils ne travaillaient pas assez pour ce qu'ils étaient payés. D'aucuns se rappellent sûrement, surtout parmi les principaux concernés, du fameux slogan que le gouvernement avait inventé pour galvaniser l'opinion publique contre les profs: "As-tu douze minutes ? " Comment renverser la vapeur par la suite contre l'appareil propagandiste du pouvoir en place? Comment réussir à convaincre que douze minutes de plus par jour de présence auprès des élèves était la goutte qui faisait débordé le vase pour des personnes dont la tâche de travail était déjà à son maximum? Comme si la présence auprès des élèves était l'unique élément d'une définition de la tâche d'un enseignant.

Aujourd'hui, c'est contre les médecins de famille que le gouvernement, libéral celui-là, s'en prend en utilisant la tactique scélérate. Pour convaincre l'opinion publique que les omnipraticiens ne travaillent pas assez, il a seulement calculé leur présence auprès des patients. Mesquinement et malhonnêtement dit autrement: "Près de 60 % des médecins de famille travaillent moins de 175 jours par année, en moyenne 117 jours". J'étais presque tombée naïvement dans le piège propagandiste du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, lorsque, coïncidence, je reçus un appel téléphonique de mon médecin de famille vers les 17h00, qui m'annonçait suite à ma dernière visite à son bureau que tous mes tests de laboratoire étaient normaux. Après avoir raccroché, je me suis demandé combien d'appels il lui restait à faire avant de rentrer à la maison ou pire avant d'aller prendre son tour de garde à l'hôpital. Et je me suis dit que je ne voudrais pas être à sa place quand il faut annoncer une mauvaise nouvelle à son patient. Parce qu'en cette circonstance, il faut quand même prendre le temps de faire les choses humainement.

Que faut-il en conclure? Qu'il faut prendre garde de ne pas se laisser trop facilement embobinés par les beaux discours des politiciens. Qu'il faut toujours douter avant de se faire une opinion. Surtout quand les discours politiques proviennent d'un transfuge de la profession. En 1983, ce sont, incidemment, d'ex-enseignants devenus députés péquistes qui ont travaillé à saper la confiance du peuple envers les profs pour arriver à leurs fins.


Odile F.Villeneuve, ex-enseignante au primaire.