mercredi 3 décembre 2014

Vieille tactique.

En 1983, au cours du désormais mémorable conflit de travail entre les enseignants et le gouvernement péquiste, ce dernier, pour discréditer ceux-ci dans l'opinion publique, avait
 laissé entendre qu'ils ne travaillaient pas assez pour ce qu'ils étaient payés. D'aucuns se rappellent sûrement, surtout parmi les principaux concernés, du fameux slogan que le gouvernement avait inventé pour galvaniser l'opinion publique contre les profs: "As-tu douze minutes ? " Comment renverser la vapeur par la suite contre l'appareil propagandiste du pouvoir en place? Comment réussir à convaincre que douze minutes de plus par jour de présence auprès des élèves était la goutte qui faisait débordé le vase pour des personnes dont la tâche de travail était déjà à son maximum? Comme si la présence auprès des élèves était l'unique élément d'une définition de la tâche d'un enseignant.

Aujourd'hui, c'est contre les médecins de famille que le gouvernement, libéral celui-là, s'en prend en utilisant la tactique scélérate. Pour convaincre l'opinion publique que les omnipraticiens ne travaillent pas assez, il a seulement calculé leur présence auprès des patients. Mesquinement et malhonnêtement dit autrement: "Près de 60 % des médecins de famille travaillent moins de 175 jours par année, en moyenne 117 jours". J'étais presque tombée naïvement dans le piège propagandiste du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, lorsque, coïncidence, je reçus un appel téléphonique de mon médecin de famille vers les 17h00, qui m'annonçait suite à ma dernière visite à son bureau que tous mes tests de laboratoire étaient normaux. Après avoir raccroché, je me suis demandé combien d'appels il lui restait à faire avant de rentrer à la maison ou pire avant d'aller prendre son tour de garde à l'hôpital. Et je me suis dit que je ne voudrais pas être à sa place quand il faut annoncer une mauvaise nouvelle à son patient. Parce qu'en cette circonstance, il faut quand même prendre le temps de faire les choses humainement.

Que faut-il en conclure? Qu'il faut prendre garde de ne pas se laisser trop facilement embobinés par les beaux discours des politiciens. Qu'il faut toujours douter avant de se faire une opinion. Surtout quand les discours politiques proviennent d'un transfuge de la profession. En 1983, ce sont, incidemment, d'ex-enseignants devenus députés péquistes qui ont travaillé à saper la confiance du peuple envers les profs pour arriver à leurs fins.


Odile F.Villeneuve, ex-enseignante au primaire. 

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