samedi 29 novembre 2014

Le temps du changement.

Selon des données du ministère de la Santé et des Services sociaux, il y aurait 20% plus de médecins de famille et 15% plus de médecins spécialistes au Québec qu'en Ontario, par exemple. Si ces chiffres sont exacts, comment se fait-il qu'il y ait autant de patients québécois, qui, faute d'avoir accès à un médecin de famille, doivent se présenter à l'urgence ou dans le privé pour se faire soigner?

Une partie de la réponse à cette question pourrait être que trop de médecins ne travaillent pas assez. Car, selon d'autres chiffres avancés par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, une majorité des médecins de famille, soit 59 %, travaillent moins de 175 jours par année, pour une moyenne annuelle de 117 jours. 117 jours, même pas le tiers de l'année. La révélation de cette statistique, pour le moins stupéfiante, démontre, sans l'ombre d'un doute, que les Québécois sont loin d'en avoir pour leur argent. À plus forte raison, quand on réalise que la rémunération du corps médical est de 6,1G$ annuellement sur un budget de près de 32G$ (près de 20 %).

Le projet de loi 20 que vient de déposer le ministre vise à augmenter la productivité du corps médical. Quand on voit le gouvernement, avec son régime d'austérité, exiger des autres professionnels (infirmières, techniciens, thérapeutes), qu'ils accomplissent encore plus avec encore moins, le moins que l'on puisse exiger des médecins est qu'ils fassent plus avec plus.  

Qu'est-ce que l'on n'a pas encore essayé avec les médecins pour les satisfaire et pour que les payeurs de taxes que nous sommes en aient vraiment pour leur argent? On a augmenté leur nombre en augmentant le nombre d'admissions dans les facultés de médecine; on en a même ouvert une ici en région. On leur a consenti des augmentations de salaire substantielles. On leur a offert toutes sortes d'incitatifs, comme la controversée prime du docteur Bolduc. Mais, finalement, à quoi a rimé tout cela? À travailler moins pour une majorité d'omnipraticiens, en recevant moins de patients dans leurs bureaux: 564 en moyenne, au lieu de 1000 pour un médecin qui a10 ans de service.
        
Les dirigeants des fédérations de médecins ont qualifié le projet du ministre Barrette, de projet fricoté à la sauce soviétique, indigne d'une démocratie moderne, condamné à l'échec. Soyons sérieux un instant, si le projet de loi 20 peut réussir à changer les mentalités et le profil du corps médical québécois par des garanties de résultats, c'est toute la société québécoise en sortira gagnante. Seulement, pour permettre aux médecins d'exercer davantage, encore faudra-t-il que le ministre engage plus de personnel et ouvrent des blocs opératoires et des lits fermés depuis belle lurette.

Blandine Lapointe-Brassard, Jonquière.


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