Aux nouvelles du soir qui ont suivi la dernière
séance du conseil municipal de Saguenay, au cours duquel c'a passablement
brassé entre le maire et certains conseillers, appuyés par l'assistance, un média
titrait: "Encore de la chicane au conseil municipal". Alors qu'un
autre, lui, plus nuancé, intitulait: "Relations tendues au conseil
municipal". Ce n'est plus une cachette pour personne, les citoyens
partisans indéfectibles du maire de Saguenay, d'une élection à l'autre, ainsi
que beaucoup d'autres qui observent distraitement ou avec cynisme ce qui se
déroule sur la scène municipale, associent, sans se questionner davantage,
chicane avec opposants au maire. Les opposants poseraient à ce dernier des questions
piège visant à le mettre dans l'embarras, lui faire perdre les pédales.
Par exemple, le maire a grimpé sur ses ergots
quand la conseillère, Josée Néron, a soulevé le cas de l'immeuble de Discovery
Air à La Baie acheté par la ville. Le sujet, deux jours plus tard, a fait
l'objet d'un article dans le journal, Le Quotidien, sous la plume de la
journaliste, Catherine Doré. Le maire y décline le déroulement des événements
ayant mené à une... vente "de feu" à la ville par la compagnie. À mon
sens, toutefois, il y a beaucoup de nébulosité distillée dans les explications
du maire. On a, entre autres, de la difficulté à faire des liens logiques dans certains
de ses propos. C'est pourquoi je pense que cette affaire mérite qu'on s'y
attarde davantage. Au risque, bien sûr, de créer encore...une chicane.
Du débat émergent les idées, qui conduisent à prendre
les meilleures décisions, pour des résultats optimaux. Il y a de l'espoir qu'on
y arrive, un jour, car, j'ai remarqué qu'au fil du temps, des citoyens avertis,
libres et capables de prendre part aux débats qui animent leur ville, sont de
plus en plus nombreux à assister aux séances du conseil municipal. Et cela, même
si, pour le moment, la plupart s'en tiennent à s'exprimer par des applaudissements
pour appuyer certaines interventions d'élus et de citoyens, que le maire
voudrait interdire. Mais, il lui sera de plus en plus difficile de gérer en
autocrate, les séances publiques du conseil.
Plutôt que de chicane stérile, selon moi, c'est
de "brassage de cage" à l'Hôtel de Ville et au conseil municipal de
Saguenay, dont il faudrait, maintenant, parler. De plus en plus, on remet en
question les propos du maire et on l'interpelle, si nécessaire, à la table du conseil.
Voire même, oh, insulte suprême! On l'interrompt quand, par exemple, il dévide
son éternelle, lancinante et mortifère cassette pour justifier comment, à
Saguenay, on peut nous facturer le plus bas compte de taxes. À la dernière
séance du conseil, cela a exaspéré, c'est le moins qu'on puisse dire, le
conseiller, Simon-Olivier Côté, qui, après avoir expliqué les raisons de son
ras-le-bol, a, sur la suggestion du maire, quitté, promptement, la salle,
manifestement en colère. C'est tout juste s'il n'a pas emporté sa chaise avec
lui.
Brasser la cage, cela signifie également:
rappeler au maire les règles élémentaires de la démocratie municipale et lui
faire la leçon, comme l'a fait Julie Dufour, conseillère du district de
Shipshaw, sur la manière de gérer les argents que la ville confie à des organismes
comme celui de la Zone portuaire, maintenant dirigée par nul autre que le
conseiller déchu, Fabien Hovington. Celui-là même qui, dernièrement, s'est fait
vertement taper sur les doigts par le tribunal de la Commission des Affaires
municipales du Québec pour avoir dilapidé, sans vergogne, des fonds publics.
Les
deux conseillères du parti de l'opposition officielle, Équipe du renouveau
démocratique, Christine Boivin et Josée Néron, doivent se sentir moins seules à
la table du conseil. Mais, il faudra bien plus que quelques électrons libérés
de l'asservissement exercé par le maire pour voir apparaître, ne serait-ce
qu'un soupçon de démocratie participative à Saguenay.
Marcel Lapointe, secrétaire de l'ÉRD à
Saguenay.
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