jeudi 6 novembre 2014

Chicane stérile ou débat constructif au grand Conseil?

Aux nouvelles du soir qui ont suivi la dernière séance du conseil municipal de Saguenay, au cours duquel c'a passablement brassé entre le maire et certains conseillers, appuyés par l'assistance, un média titrait: "Encore de la chicane au conseil municipal". Alors qu'un autre, lui, plus nuancé, intitulait: "Relations tendues au conseil municipal". Ce n'est plus une cachette pour personne, les citoyens partisans indéfectibles du maire de Saguenay, d'une élection à l'autre, ainsi que beaucoup d'autres qui observent distraitement ou avec cynisme ce qui se déroule sur la scène municipale, associent, sans se questionner davantage, chicane avec opposants au maire. Les opposants poseraient à ce dernier des questions piège visant à le mettre dans l'embarras, lui faire perdre les pédales.

Par exemple, le maire a grimpé sur ses ergots quand la conseillère, Josée Néron, a soulevé le cas de l'immeuble de Discovery Air à La Baie acheté par la ville. Le sujet, deux jours plus tard, a fait l'objet d'un article dans le journal, Le Quotidien, sous la plume de la journaliste, Catherine Doré. Le maire y décline le déroulement des événements ayant mené à une... vente "de feu" à la ville par la compagnie. À mon sens, toutefois, il y a beaucoup de nébulosité distillée dans les explications du maire. On a, entre autres, de la difficulté à faire des liens logiques dans certains de ses propos. C'est pourquoi je pense que cette affaire mérite qu'on s'y attarde davantage. Au risque, bien sûr, de créer encore...une chicane.

Du débat émergent les idées, qui conduisent à prendre les meilleures décisions, pour des résultats optimaux. Il y a de l'espoir qu'on y arrive, un jour, car, j'ai remarqué qu'au fil du temps, des citoyens avertis, libres et capables de prendre part aux débats qui animent leur ville, sont de plus en plus nombreux à assister aux séances du conseil municipal. Et cela, même si, pour le moment, la plupart s'en tiennent à s'exprimer par des applaudissements pour appuyer certaines interventions d'élus et de citoyens, que le maire voudrait interdire. Mais, il lui sera de plus en plus difficile de gérer en autocrate, les séances publiques du conseil.

Plutôt que de chicane stérile, selon moi, c'est de "brassage de cage" à l'Hôtel de Ville et au conseil municipal de Saguenay, dont il faudrait, maintenant, parler. De plus en plus, on remet en question les propos du maire et on l'interpelle, si nécessaire, à la table du conseil. Voire même, oh, insulte suprême! On l'interrompt quand, par exemple, il dévide son éternelle, lancinante et mortifère cassette pour justifier comment, à Saguenay, on peut nous facturer le plus bas compte de taxes. À la dernière séance du conseil, cela a exaspéré, c'est le moins qu'on puisse dire, le conseiller, Simon-Olivier Côté, qui, après avoir expliqué les raisons de son ras-le-bol, a, sur la suggestion du maire, quitté, promptement, la salle, manifestement en colère. C'est tout juste s'il n'a pas emporté sa chaise avec lui.

Brasser la cage, cela signifie également: rappeler au maire les règles élémentaires de la démocratie municipale et lui faire la leçon, comme l'a fait Julie Dufour, conseillère du district de Shipshaw, sur la manière de gérer les argents que la ville confie à des organismes comme celui de la Zone portuaire, maintenant dirigée par nul autre que le conseiller déchu, Fabien Hovington. Celui-là même qui, dernièrement, s'est fait vertement taper sur les doigts par le tribunal de la Commission des Affaires municipales du Québec pour avoir dilapidé, sans vergogne, des fonds publics.

 Les deux conseillères du parti de l'opposition officielle, Équipe du renouveau démocratique, Christine Boivin et Josée Néron, doivent se sentir moins seules à la table du conseil. Mais, il faudra bien plus que quelques électrons libérés de l'asservissement exercé par le maire pour voir apparaître, ne serait-ce qu'un soupçon de démocratie participative à Saguenay.

Marcel Lapointe, secrétaire de l'ÉRD à Saguenay.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire