vendredi 8 juin 2012

Le point de départ de la dette.



                     

Bien dit par un lecteur, dernièrement dans le Quotidien : <Nous sommes esclaves de la dette : 250 milliards au Québec, sans compter la fédérale, la municipale et tutti quanti>. Or, s‘il est vrai qu’un esclave n’est reconnu responsable de sa vie, le peuple, en général, n’a rien à se reprocher au sujet de la dette. Alors, où se situe la véritable responsabilité?

À force de nous faire rabâcher par les lucides et autres bien-pensants que nous vivons au-dessus de nos moyens, qu’il faut couper dans le réseau de sécurité sociale, qu’il faut privatiser les services publics, faire sa juste part et combien d’autres balivernes du même acabit, nous finissons par nous convaincre que nous sommes les premiers responsables des dettes publiques. Donc que nous devons, la classe moyenne en particulier, nous serrer la ceinture pour le bien des générations futures.

Or, l’ONG Transparency International nous apprend des choses intéressantes à propos des dettes souveraines. Entre autres, que la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, endettés par-dessus la tête, sont les pays où il y a le plus de corruption. L’organisme établit un lien direct entre ces pays au bord du gouffre financier et une trop grande accointance entre la grande entreprise et les pouvoirs publics, ce qui entraine inévitablement la corruption.

En Grèce par exemple, on s’en donne à cœur joie parce que seulement 2 % des cas de corruption mis au jour conduisent à des sanctions exemplaires. Et c’est sans compter le nombre impressionnant de pratiques jugées légales, mais non éthiques. Par ailleurs, les pays comme le Danemark, la Norvège et la Suède qui ont des dettes souveraines inférieures aux pays délinquants se démarquent aussi par leur intégrité politique. Transparence International ajoute que la privatisation des services publics constitue un terreau particulièrement fertile aux jeux d’influences dans l’octroi des contrats publics et aux détournements de fonds.

Depuis la dernière crise, en particulier, le néo-capitalisme met de l’avant un train de mesures cohérentes pour faire payer ses excès par le bon peuple alors qu’une élite se partage les bénéfices de la croissance. En effet, la corruption entraine les déficits budgétaires, qui à leur tour conduisent à l’endettement public que l’on veut atténuer par la privatisation massive des services publics.

Ici au Québec, le bon peuple qualifié également de majorité silencieuse sait pertinemment que son gouvernement n’est pas à l’abri de la corruption. Loin s’en faut. Il attend bien sûr avec impatience le premier épisode de la téléréalité intitulée « La Commission Charbonneau » instituée justement pour fouiller dans l’étang glauque et malodorant des contrats publics sans appel d’offre, des détournements de fonds, des enveloppes brunes versées aux partis politiques, de la collusion, de la coquinerie et du copinage.

Mais le peuple, qui aimerait bien faire mentir ses concitoyens du ROC, qui nous qualifie de Grecs du Canada, voudra savoir davantage à quel échelon du spectre de la corruption représenté d’une part par la Grèce et à l’autre extrémité par le Danemark, le Québec se situe.

Le saura-t-il vraiment? Les paris sont ouverts.

Marcel Lapointe, Jonquière.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire