Bien dit par un lecteur,
dernièrement dans le Quotidien : <Nous sommes esclaves de la
dette : 250 milliards au Québec, sans compter la fédérale, la municipale
et tutti quanti>. Or, s‘il est vrai qu’un esclave n’est reconnu responsable
de sa vie, le peuple, en général, n’a rien à se reprocher au sujet de la dette.
Alors, où se situe la véritable responsabilité?
À force de nous faire rabâcher par
les lucides et autres bien-pensants que nous vivons au-dessus de nos moyens,
qu’il faut couper dans le réseau de sécurité sociale, qu’il faut
privatiser les services publics, faire sa juste part et combien d’autres
balivernes du même acabit, nous finissons par nous convaincre que nous sommes
les premiers responsables des dettes publiques. Donc que nous devons, la classe
moyenne en particulier, nous serrer la ceinture pour le bien des générations
futures.
Or, l’ONG Transparency International
nous apprend des choses intéressantes à propos des dettes souveraines. Entre
autres, que la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, endettés par-dessus
la tête, sont les pays où il y a le plus de corruption. L’organisme établit un
lien direct entre ces pays au bord du gouffre financier et une trop grande
accointance entre la grande entreprise et les pouvoirs publics, ce qui entraine
inévitablement la corruption.
En
Grèce par exemple, on s’en donne à cœur joie parce que seulement 2 % des
cas de corruption mis au jour conduisent à des sanctions exemplaires. Et c’est
sans compter le nombre impressionnant de pratiques jugées légales, mais non
éthiques. Par ailleurs, les pays comme le Danemark, la Norvège et la Suède qui
ont des dettes souveraines inférieures aux pays délinquants se démarquent aussi
par leur intégrité politique. Transparence International ajoute que la
privatisation des services publics constitue un terreau particulièrement
fertile aux jeux d’influences dans l’octroi des contrats publics et aux
détournements de fonds.
Depuis la dernière crise, en
particulier, le néo-capitalisme met de l’avant un train de mesures cohérentes
pour faire payer ses excès par le bon peuple alors qu’une élite se partage les
bénéfices de la croissance. En effet, la corruption entraine les déficits
budgétaires, qui à leur tour conduisent à l’endettement public que l’on veut
atténuer par la privatisation massive des services publics.
Ici au Québec, le bon peuple
qualifié également de majorité silencieuse sait pertinemment que son
gouvernement n’est pas à l’abri de la corruption. Loin s’en faut. Il attend
bien sûr avec impatience le premier épisode de la téléréalité intitulée
« La Commission Charbonneau » instituée justement pour fouiller dans
l’étang glauque et malodorant des contrats publics sans appel d’offre, des
détournements de fonds, des enveloppes brunes versées aux partis politiques, de
la collusion, de la coquinerie et du copinage.
Mais le peuple, qui aimerait bien
faire mentir ses concitoyens du ROC, qui nous qualifie de Grecs du Canada, voudra
savoir davantage à quel échelon du spectre de la corruption représenté d’une
part par la Grèce et à l’autre extrémité par le Danemark, le Québec se situe.
Le saura-t-il vraiment? Les paris
sont ouverts.
Marcel Lapointe, Jonquière.
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