mercredi 6 juin 2012

Mauvaises nouvelles économiques.


       Mauvaises nouvelles économiques.

Décontenancé, le mot est faible, en apprenant, ce matin, dans le Quotidien que Saguenay va perdre l’usine de pyrolyse de Jonquière, productrice de biomasse aux mains, encore une fois, des Américains. En Oregon, croyez-le ou non, il en coûte moins cher qu’ici pour produire de la biomasse, alors que nous sommes entourés de forêt. Que l’on me donne l’heure juste svp!

Que nous restera-t-il bientôt à vendre aux Américains à vil prix si toutes nos usines génératrices de hauts salaires ferment, délocalisent, sont démantelées? Nos arbres? C’est presque déjà le cas! Produit Forestiers Résolu est sous le joug de l’argent américain! Notre aluminium? C’est déjà le cas, Rio Tinto est tout sauf canadien! Nos centrales hydroélectriques peut-être? Et pourquoi pas notre eau potable? Le maire de Saguenay ne salive-t-il pas déjà à l’idée de mettre en bouteille celle de la nappe phréatique de Laterrière pour l’exporter aux quatre coins du monde?

On rétorquera que l’usine productrice de biomasse installée en 1998 n’a jamais pris son envol, fermée qu’elle fut après quelques mois d’opération. Mais malgré cela, Je pense quand même que Saguenay manque de vision, sans véritable plan de développement économique à moyen et long termes. On ne peut même pas dire qu’on éteint les feux, y pas d’eau dans le boyau d’arrosage. Pensons à Novellis. Depuis 2011, la ville a en mains une étude démontrant une capacité éventuelle de produire sur son territoire, de la biomasse. Cela pourrait, selon cette étude, être très rentable, non seulement au plan économique, mais en ce qui concerne la lutte contre les gaz à effet de serre. Saguenay n’a jamais donné suite au dépôt de cette étude menée par des spécialistes, entre autres de l’UQAC.

De plus, un programme offert par le gouvernement, en 2011 nommée « Programme Climat Municipalités », a permis à 140 villes, municipalités, villages du Québec d’obtenir des montants d’argent pour lutter contre les GES. Saguenay n’est pas sur la liste des entités ayant reçu de l’argent et le programme est terminé depuis la fin 2012. Des villes comme Trois-Rivières, Sherbrooke et Lévis auxquelles notre maire aime bien se comparer ont reçu de généreux montants totalisant près d’un demi-million de dollars. Cela démontre, à mon sens, le peu d’intérêt que nos élus portent à la cause environnementale. À moins que ceux-ci escomptent que Saguenay sera, de toute façon à l’abri des GES, vu la disparition à vitesse grand V de nos usines.

 Ici à Saguenay, on ne fait que réagir aux déconfitures économiques : fermeture de la Consol à La Baie, fermeture presque complète de PFR à Kénogami, perte de centaines d’emplois à l’aluminerie d’Arvida au début des années 2000, sans compter la fermeture de l’Usine Novellis attendue pour le premier août prochain. Non seulement ces pertes d’emplois sont énormes pour Saguenay en terme de quantité, mais en terme de qualité, ce sont les emplois les mieux rémunérés de l’industrie au Québec qui s’envolent en fumée. Sans compter les pertes en retombées économiques induites. À mon avis, sur le long terme, un tel appauvrissement par Saguenay est pire que la perte de 40 milliards dollars subie par la Caisse de dépôt et placement en 2009.

Quelle autre carte, notre premier magistrat possède-t-il dans sa manche pour compenser l’échappée d’une usine de biomasse à Saguenay? Après le quai d’escale et le village maritime à La Baie, la Place du citoyen qui va naître bientôt à Chicoutimi grâce à de l’argent que nous ne possédons pas et qu’il faudra donc emprunter? À force de fermetures d’usines, de mises au chômage, d’exode des travailleurs et, en conséquence, de moins en moins de taxes dans les coffres de la ville qu’est-ce qui nous attend? Que comme en Grèce ou en Espagne, il nous devienne impossible d’emprunter, sinon, à des taux usuraires?

Va-t-on encore longtemps se laisser distraire des véritables enjeux par de beaux discours, du pain et des jeux pour faire oublier qu’un « cancer » est après gruger les fondements mêmes de la cité? Je crains que oui.

Marcel Lapointe, Jonquière.

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