Quelle ne fut pas ma surprise, ma stupéfaction même, quand j'ai appris
la démission du pape, Benoit XVI. Élevé dans la religion catholique, un peu
trop à mon goût d'ailleurs, dans mon esprit, un pape ne pouvait pas
démissionner. Parmi les six papes que j'ai connus, de loin s'entend, cinq sont,
en quelque sorte, morts au combat. Comme Jésus, avec qui, petits croisés que
nous étions, on les comparait souvent, ces papes ont complété leur mission
terrestre, souvent dans l'agonie, toujours jusqu'à leur dernier souffle.
Je suis d'une nature méfiante et douteuse. En viellissant, cela ne va
pas en s'améliorant; probablement, retraite aidant, parce que je lis beaucoup,
et à différentes sources. Si bien qu'en apprennant le fait "très"
rarissime de la démission du pape, je n'ai pas cru les raisons invoquées par le
Saint-Père lui-même, des membres du Sacré Collège et tous ces hommes d'église plus
près de nous, empressés qu'ils furent à tenter de nous convaincre de la
véracité de la nouvelle "officielle" du Vatican. Nouvelle voulant que
l'affaiblissement de ses forces ait eu raison du pape et qu'un tel événement ne
pouvait qu'être le sigal de changements fondammentaux dans l'Église inspirés du
Divin. Lesquels? Cela reste à voir.
La première chose que je me suis dite: "Y a anguille sous roche.Y
s'est passée quelque chose de croche en amont de cette démission soudaine. Y va,
sûrement, y avoir, bientôt, des suites en aval. Ma présomption a fait long feu
après avoir pris connaissance d'un article paru dans un journal, pas l'Obervatore
Romano, un journal sérieux quand même, qui
a ramené à l'avant-scène de l'actualité, le "petit" scandale
des Vatilearks qui pourrait en cacher un pire. Le scandale des Vatileaks,
faut-il le rappeler, concerne le coulage par une personne très près de Benoit
XVI, son ex-majordome, d'informations secrètes au sujet de présumées activités
vaticanes peu élogieuses, voire scrabreuses.
Au delà des scandales de pédophilie reliés à des hommes d'église qui
ressortent encore et encore des quatre coins de la planéte, l'existence d'un
groupe d'homosexuels travaillant au Vatican, est connue depuis des décennies, y
compris par Benoit XVI lui-même. Se pourrait-il que le pape, qui dénonce
l'homosexualité sur la place publique comme étant une tare inacceptable chez
des catholiques pratiquants, fut devenu incapable de soutenir plus longtemps
cette flagrante contraction au sein de l'Église catholique?
Selon le Quotidien italien, La Repubblica, la décision du pape actuel
de jeter la serviette serait due à son vif malaise d'apprendre, il y a quelques
mois, qu'un loby gay tentaculaire très influent sévissait au sein même de la
curie romaine. D'après le même journal, des princes de l'Église auraient été
soumis à du chantage, à cause de liaisons mondaines qu'ils auraient eues avec
des laïcs.
Le Vatican nie-t-il tout? Pas vraiment, il se limite à dénoncer des
erreurs grossières dans l'article du journal. Compte tenu du contexte, son
porte-parole officiel déclare qu'il n'y aura ni démentis, commentaires ou
confirmations, sur ces informations qu'il qualifie, par ailleurs, de
fantaisies, opinions, spéculations. Un autre vaticaniste a déclaré complètement
dénuée de fondement, la nouvelle voulant que le pape ait démissionné après
avoir pris connaissance d'un rapport accablant déposé par trois cardinaux à qui
il avait, lui-même, donné le mandat d'enquêter sur cette affaire.
L'affaire ne serait-elle qu'invention ou complot visant, par exemple, à
déconsidérer un rival au sein de la curie romaine en vue du prochain conclave? Peut-être
bien, mais à la lumière de
révélations aussi accablantes, le prochain pape aura, parmi ses tâches
prioritaires, celle de nous démontrer, hors de tout doute, que le Vatican n'est
pas, comme on le prétend dans certains milieux, un marécage déliquescent.
Autrement, le difficile recrutement de nouveaux fidèles et la démission de
nombreux autres, qui ne cessent de déferler, constitueront encore longtemps des
boulets aux pieds de l'Église catholique.
Marcel Lapointe, Jonquière.