Depuis que le débat sur la pertinence ou non d'ériger un barrage
hydroélectrique au pied de la chute de la rivière Ouiatchouan sur le site
touristique de Val-Jalbert, s'est invité sur la scène provinciale, une variété
d'intervenants se sont exprimés en faveur de cet ouvrage: politiciens, lecteurs
d'opinion, journalistes affectés soit à l'éditorial, au commentaire ou à la
chronique. On a déploré, chez un groupe, en particulier, son intégrisme, sa
vision stricte, voire dogmatique inductrices de débats pénibles. On s'est
désolé de la désinformation, du dialogue de sourds, du manque de profondeur de
ce qui se dit sur les réseaux sociaux, de l'impossibilité de discuter
rationnellement d'enjeux complexes.
Certains des écrits ont fait appel à la solidarité régionale, invitant
Jeannois et Saguenéens à prendre leurs distances d'avec les citadins de la
grande Ville pour des raisons de survie de la région, d'intérêts divergents, de
différences fondammentales, d'incapacité à se comprendre. Comme si nous,
régionaux étions incapables de réfléchir par nous-même, on a laissé sous-entendre
que n'eut été l'influence néfaste du centre sur la périphérie, le projet de
Val-jalbert en cours et les autres projets de minicentrales hydroélectriques
abandonnés par le gouvernement du Québec auraient été réalisés sans opposition
ou presque.
Or, selon un sondage paru, il y a moins d'un mois, dans le Quotidien,
53% de la population régionale disait s'opposer au projet de minicentrale dans
le village de Val-Jalbert. Mais encore, un tout récent sondage Léger Marketing a
révélé ce qui suit: 51% des citoyens de Roberval, Chambord, Saint-Prime et
Mashteuiash s'opposent au projet, dont 37% déclarent être très défavorables;
61% des personnes sondées souhaitent que les travaux débutés à Val-Jalbert
soient annulés ou suspendus et qu'une vraie consultation publique ait lieu; quelle
que soit la municipalité sondée, une majorité de répondants disent s'opposer au
projet. Et l'on va venir encore nous laisser croire que l'acceptabilité sociale
du projet est acquise?
Ce peut-il qu'il y est, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, autant d'imbéciles
à temps plein que certains pourraient le penser ou le laisser croire? Ce
pourait-il que d'aucuns, voudraient nous faire rentrer de force ou de façon
subliminale dans le crâne l'idée que d'harnacher, sans vergogne, des rivières
pour produire du courant électrique, alors que nous nageons, présentement, dans
les surplus, et pour très longtemps encore, n'ont pas compris la signification
réelle de ce que sont le développement durable et l'occupation du territoire?
Concepts dont ils nous entretiennent, pourtant, ad nauseam.
Félicien Normandin, Lac-Saint-Jean-Est.
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