J'ignore s'il y a beaucoup d'automobilistes
libertariens en France qui circulent avec un autocolant sur leurs bagnoles
arborant le logo: "Écoeuré de payer" comme on en rencontre au Québec.
Incontestablement, la logique veut que dans les pays vivant en régime
sociale-démocrate, les impôts prélevés chez les contribuables soient les plus
élevés. C'est le cas, comme pour la France, des pays scandinaves et du Québec.
Et c'est sans doute la raison pour laquelle
les services de santé offerts par l'État à nos cousins français sont de
meilleure qualité qu'ici au Québec. Un article paru dans le journal, La Presse,
sous la plume du journaliste, Maxime Bergeron, présenté également dans la
dernière édition du Progrès-Dimanche, nous rapporte que pour ce qui est du système
des urgences dans l'Hexagone, les temps d'attente sont considérés comme déjà
trop longs s'ils dépassent trois heures. Oui, vous avez bien lu! Alors qu'ici
au Québec, le temps d'attente moyen est rendu à 17h30, atteignant même 21
heures à Montréal. Autres chiffres comparatifs intéressants soulignés dans
l'article: on retrouve en France 3.3 médecins par tranche de 1000 habitants,
contre 2.4 au Canada; le nombre de lits d'hôpitaux par tranche de 1000
habitants est de 6.4 en France, contre la moitié moins (3.2) chez-nous.
Loin de moi l'idée, qu'il faille injecter
davantage d'argent dans le système de santé québécois; 50% du budget annuel de
la province y sont consacrés, soit, 35 milliards de dollars environ. Mais ce
n'est pas en coupant dans notre système de santé au Québec, comme le réclament,
à grands cris, les "écoeurés de payer" que l'on va, par exemple,
réduire les temps d'attente à l'urgence. Cela étant dit, la quantité
gargantuesque d'argent consacré à notre système de santé, impose aux décideurs
politiques de ne pas en exiger davantage des contribuables; à tout le moins,
ceux de la classe moyenne. Au reste, sans ajout d'argent dans le système, il y
a moyen de faire beaucoup mieux pour donner satisfaction à la clientèle.
Par exemple, qu'est-ce qu'on attend pour
instaurer partout sur le territoire de la ville de Saguenay, un service médical
comme, Jonquière-Médic, grâce auquel des médecins se déplacent dans les foyers
pour soigner la population? Il y a aussi ce nombre important de cliniques
médicales organisées en groupes de médecine familiale (250); cependant, un
groupe sur trois, dans certaines régions du Québec, ne respecte pas l'exigence
de donner des services les soirs et les fins de semaines. Pourtant, ces
derniers recoivent l'argent du gouvernement pour le faire. Que font alors ces
organisations avec cet argent?
Une autre pratique qui tarde à être mise en
place par nos décideurs, autant de Québec que des régions: la délégation par le
Collège des médecins d'actes médicaux que d'autres intervenants de la santé
sont en mesure de dispenser. Je pense ici aux infirmières, et pas
nécessairement les super-infirmières ou les infirmières bachelières. Je pense
aussi aux sages-femmes à qui, plus souvent qu'autrement, on met les bois dans
les roues pour les empêcher d'exercer leur profession. Elle est bien plus
longue, la liste de ces intervenants en santé spécialisés dans un champ
d'exercice capables de collaborer avec les médecins. La productivité du système
de santé ne pourrait que s'en ressentir. Mais, depuis qu'une loi est passée en
ce sens vers la fin du siècle dernier, les actes délégués enchassés dans des
protocoles rigides sont distribués à doses homéopatiques par le Collège des
médecins.
Un ensemble de pratiques avancées, qui
auraient la vertu de désengorger les urgences de nos hôpitaux, est à portée de
mains. Mais la volonté politique, on n'arrête pas de le dire, n'y est pas.
Entre autres, parce que le fort lobby médical auprès des élus tient toujours
mordicus à sa chasse gardée des actes médicaux.
Marcel Lapointe, Jonquière.
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