lundi 20 mai 2013

Un système de santé plus productif.


J'ignore s'il y a beaucoup d'automobilistes libertariens en France qui circulent avec un autocolant sur leurs bagnoles arborant le logo: "Écoeuré de payer" comme on en rencontre au Québec. Incontestablement, la logique veut que dans les pays vivant en régime sociale-démocrate, les impôts prélevés chez les contribuables soient les plus élevés. C'est le cas, comme pour la France, des pays scandinaves et du Québec.

Et c'est sans doute la raison pour laquelle les services de santé offerts par l'État à nos cousins français sont de meilleure qualité qu'ici au Québec. Un article paru dans le journal, La Presse, sous la plume du journaliste, Maxime Bergeron, présenté également dans la dernière édition du Progrès-Dimanche, nous rapporte que pour ce qui est du système des urgences dans l'Hexagone, les temps d'attente sont considérés comme déjà trop longs s'ils dépassent trois heures. Oui, vous avez bien lu! Alors qu'ici au Québec, le temps d'attente moyen est rendu à 17h30, atteignant même 21 heures à Montréal. Autres chiffres comparatifs intéressants soulignés dans l'article: on retrouve en France 3.3 médecins par tranche de 1000 habitants, contre 2.4 au Canada; le nombre de lits d'hôpitaux par tranche de 1000 habitants est de 6.4 en France, contre la moitié moins (3.2) chez-nous.

Loin de moi l'idée, qu'il faille injecter davantage d'argent dans le système de santé québécois; 50% du budget annuel de la province y sont consacrés, soit, 35 milliards de dollars environ. Mais ce n'est pas en coupant dans notre système de santé au Québec, comme le réclament, à grands cris, les "écoeurés de payer" que l'on va, par exemple, réduire les temps d'attente à l'urgence. Cela étant dit, la quantité gargantuesque d'argent consacré à notre système de santé, impose aux décideurs politiques de ne pas en exiger davantage des contribuables; à tout le moins, ceux de la classe moyenne. Au reste, sans ajout d'argent dans le système, il y a moyen de faire beaucoup mieux pour donner satisfaction à la clientèle.

Par exemple, qu'est-ce qu'on attend pour instaurer partout sur le territoire de la ville de Saguenay, un service médical comme, Jonquière-Médic, grâce auquel des médecins se déplacent dans les foyers pour soigner la population? Il y a aussi ce nombre important de cliniques médicales organisées en groupes de médecine familiale (250); cependant, un groupe sur trois, dans certaines régions du Québec, ne respecte pas l'exigence de donner des services les soirs et les fins de semaines. Pourtant, ces derniers recoivent l'argent du gouvernement pour le faire. Que font alors ces organisations avec cet argent?

Une autre pratique qui tarde à être mise en place par nos décideurs, autant de Québec que des régions: la délégation par le Collège des médecins d'actes médicaux que d'autres intervenants de la santé sont en mesure de dispenser. Je pense ici aux infirmières, et pas nécessairement les super-infirmières ou les infirmières bachelières. Je pense aussi aux sages-femmes à qui, plus souvent qu'autrement, on met les bois dans les roues pour les empêcher d'exercer leur profession. Elle est bien plus longue, la liste de ces intervenants en santé spécialisés dans un champ d'exercice capables de collaborer avec les médecins. La productivité du système de santé ne pourrait que s'en ressentir. Mais, depuis qu'une loi est passée en ce sens vers la fin du siècle dernier, les actes délégués enchassés dans des protocoles rigides sont distribués à doses homéopatiques par le Collège des médecins.

Un ensemble de pratiques avancées, qui auraient la vertu de désengorger les urgences de nos hôpitaux, est à portée de mains. Mais la volonté politique, on n'arrête pas de le dire, n'y est pas. Entre autres, parce que le fort lobby médical auprès des élus tient toujours mordicus à sa chasse gardée des actes médicaux.

Marcel Lapointe, Jonquière.

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