Pourquoi les débats contradictoires entre
candidats à la mairie seraient-ils moins pertinents que ceux des niveaux
provincial et municipal? Parce que le maire réélu, Jean Tremblay, a voulu
encore nous en convaincre, en 2013, en refusant d'y contribuer, prétextant leur
futilité, leur inutilité, leur impertinence au niveau municipal? Lors de la
dernière campagne, le maire de Saguenay a prétendu que connaissant déjà les
arguments de son adversaire et y ayant répondu par médias interposés, il n'y avait
plus rien à ajouter. Pourtant, que ce soit à Dolbeau-Mistassini, Roberval,
Saint-Félicien ou Alma, les candidats ont tous accepté de croiser le fer au moins
une fois devant les caméras. Les maires sortants, pas plus idiots que celui de
Saguenay, devaient bien savoir sur quoi leurs adversaires allaient les
"chalenger" devant les caméras. En ne se défilant pas, ces candidats
ont fait preuve de considération envers
leurs concitoyens; ils ont
contribué à les mieux éclairer sur les enjeux liés à l'avenir de leur ville
respective. À Saguenay, Jean Tremblay a présenté une tout autre attitude, la
bigoterie. Il s'est limité à présenter ses arguments par le truchement de son
propre studio de télé à l'Hôtel de Ville et de médias assujettis ou gagnés
d'avance à sa cause. Puis une fois réélu, de poursuivre son entreprise de vide
démocratique en plaçant les assemblées du Conseil municipal sur l'heure du
repas du midi, pour écarter le plus grand nombre possible d'opposants.
Bien que Jean Tremblay ait de nouveau remporté la victoire, le 3
novembre dernier, ce le fut avec une marge beaucoup plus faible qu'un sondage l'avait
prévu en début de campagne. Également, ce le fut loin de ses propres attentes
qu'il escomptait supérieures à 80% du vote. Il a perdu une quinzaine de points
en regard du scrutin de 2009, ce qui l'obligera pour les quatre prochaines
années à composer avec une opposition à la table du Conseil municipal. De plus,
il devra partager le financement prévu au fonctionnement de son propre cabinet
avec celui de l'opposition. Encore, il devra accepter que cette dernière ait
pignon sur la rue Racine dans ce qui fut son Hôtel de Ville depuis la fin du
vingtième siècle. Les colonnes de l'Édifice municipal ont été ébranlées, c'est
le moins qu'on puisse dire.
"Dans le nouveau contexte médiatique actuel, avec le foisonnement
des médias sociaux, il devient de plus en plus pertinent de questionner le
bien-fondé des débats électoraux ( ). Les programmes et les plateformes sont
accessibles 24 heures sur 24 sur l'internet". C'est grosso modo la pensée
livrée par un éditorialiste du journal, Le Quotidien, quelques jours avant le
dernier scrutin municipal à Saguenay. Seulement, à partir du moment où les
électeurs les plus "accros" aux nouvelles technologies de l'information
sont les jeunes et que ceux des cégeps de Jonquière, de Chicoutimi et de l'UQAC
ont réclamé avec beaucoup d'insistance un débat public entre les deux candidats
à la mairie, un bémol s'impose sur la prétention de l'éditorialiste.
Le refus de Jean Tremblay de débattre devant les jeunes électeurs (ce
que son adversaire Paul Grimard accepta, bien qu'il ait eu à y perdre au
change) n'est pas étranger à sa performance moindre, cette fois-ci. À la faveur
du changement démographique, les jeunes électeurs, qui remplacent
progressivement les plus vieux, ceux des foyers en particulier très largement
acquis à Jean Tremblay en ont pris bonne note le trois novembre dernier. Et ils
vont continuer à le faire dans le futur en présence de candidats qui refusent
de participer aux débats contradictoires: exercices loin d'être ringards parce
qu'ils permettent, à leur manière, non seulement de séduire, mais aussi d'éclairer
l'électorat pour lui permettre de faire le bon choix un coup dans l'isoloir.
Incontestablement, la preuve est faite, que celle ou celui qui remporte
un débat largement médiatisé marque des points et prend une option sérieuse sur
la victoire. Un exemple: la victoire de Françoise David dans la circonscription
de Gouin aux dernières élections provinciales alors qu'elle avait défait son
adversaire, le député péquiste sortant, ministrable par surcroît. À l'évidence,
c'est madame David qui était sorti vainqueur du débat télévisé avec les trois
autres chefs de parti, en se présentant devant les téléspectateurs avec de la hauteur,
refusant de s'engager dans le même combat de coqs que ses adversaires.
Marcel Lapointe, secrétaire, Équipe du renouveau démocratique,
Saguenay.
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