samedi 3 mars 2012

Diviser pour régner.

Madame Marie Claude Dufour, en s’exprimant, ce matin dans le Quotidien de Saguenay comme elle le fait, fait exactement le jeu de ceux qui cherchent, par tous les moyens, à nous diviser. Est-ce qu’opposer, comme elle le fait, celles et ceux qui ont de bonnes conditions de travail à celles et ceux qui peinent à demeurer la tête hors de l’eau dans une crise économique qui perdure, va améliorer la situation des moins bien nantis? Je ne pense pas. À preuve, ces travailleurs d’une compagnie de Jonquière nommée GRC qui devront peut-être faire la grève pour protéger leur pouvoir d’achat, alors que leur salaire moyen est de 14 dollars l’heure. Je n’imagine même pas le reste de leurs conditions de travail.

L’opinion de madame Dufour, évoque d’une façon, on ne peut plus éloquente, l’état de porteurs d’eau que trop, du commun des mortels que nous sommes, manifestons face aux grosses multinationales. État que nous serons aussi sans doute prêts à accepter quand viendra le temps de réclamer notre dû des retombés économiques du Plan Nord à Charest.

Après lecture, de l’opinion de madame Dufour, j’ai ressenti une grande amertume. J’ai revu cette scène du film « Le nom de la Rose ”, durant laquelle, on voit les gens d’un village situé en contrebas d’une Abbaye qui attendent que les riches moines d’en haut leur déversent leurs déchets de table, faute de mieux. Oui, j’en conviens, cette image est encore caricaturale au moment où l’on se parle. Mais pour l’avenir à moyen et long terme? À moins que l’on ne décide, un jour, de se tenir debout face à ce 5 % d’êtres humains qui s’accaparent, de façon éhontée et révoltante, plus de 40 % des richesses de ce monde.

Qui plus est! La lectrice, à mon avis, devrait regarder du côté des étudiants qui, présentement, dénoncent l’injustice et sont prêts, par des actions concrètes comme, descendre dans la rue, à défendre leur droit à des conditions de vie meilleures pour eux et leurs enfants. Je suis convaincu que si ces jeunes par milliers sont prêts à des sacrifices, ce n’est pas pour se voir offrir plus tard des emplois de porteurs d’eau. Avec tout ce que cela comporte de mauvais salaires, de conditions normatives indécentes et d’absence de protection en vue de la retraite.

Dites-moi une chose, les jeunes! Éric Dufour, président, de la Chambre de commerce de Saguenay, parle-t-il vraiment en votre nom lorsqu’il déclare que les jeunes d’aujourd’hui, dont l’appréciation du rapport à l’argent et de l’acquisition de biens, sont si différents de leurs prédécesseurs? Selon monsieur Dufour, vous accepteriez les dictats du capitalisme renouvelé, caratérisé par le recours généralisé à la sous-traitance, entre autres, en changeant fréquemment d’emploi.

Les chargés de cours dans les universités, les temps partiels dans les hôpitaux, les pigistes dans les salles de rédaction: ce n’est pas parce qu’ils y sont présents en majorité qu’ils acceptent nécessairement leur situation de précarité.

Marcel Lapointe,Jonquière.

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