Le libre marché est un pilier du système capitaliste. Dans le contexte capitaliste de plus en plus sauvage qui prévaut, les lois du libre marché sont d’autant plus impitoyables; les entreprises ne se gênent plus; elles invoquent des profits insuffisants pour délocaliser et concentrer les services.
Par exemple, ce groupe de détaillants d’essence qui sont en train de se faire avaler, ces indépendants dont faisait état le Progrès-Dimanche, dernièrement. Ceux-ci dénoncent la concentration du marché de l’essence sur le boulevard Talbot, que les pétrolières sont en train de mettre sur pied. Cela va en obliger plus d’un à mettre la clef sous la porte. Et pour nous consommateurs, cela signifie encore moins de services de proximité.
Ici, au Québec, bonne chance si vous essayez de trouver un journal indépendant; je parle d’un journal dans lequel vous pressentez que journalistes, éditorialistes, commentateurs et autres bénéficient un tant soit peu du droit à la libre pensée. La majorité des journaux sont regroupés sous deux bannières : Gesca et Québécor. Les journalistes sont assujettis à la pensée dominante de leurs patrons. Rarement vous allez lire du texte journalistique ou éditorialiste qui dénonce les injustices, la cupidité, les vilénies et les aberrations qui caractérisent le système capitaliste. Faites bien attention, gens de la presse, de ne pas scier la branche sur laquelle vous êtes assis ou prenez garde à ne pas mordre la main de celui qui vous nourrit. Les journalistes du Journal du Québec qui aujourd'hui n’ont plus emploi en savent quelque chose.
Les banques maintenant. Pourquoi sont-elles à ce point richissimes? Le décloisonnement des institutions financières, dans les années quatre-vingt par les conservateurs, a mis fin à la séparation entre la traditionnelle banque de dépôt d’une part et l’assurance, les fiducies et les valeurs mobilières d’autre part. Par la dérèglementation des Reagan, Thatcher et Mulroney, nous nous sommes retrouvés bien malgré nous, petits épargnants, directs dans l’oeil de la concentration d’actifs de toutes sortes jadis réservés à d’autres, comme les sociétés d’assurance ou de valeurs mobilières. Se dresse aujourd’hui devant nous une vingtaine de mégabanques à têtes multiples, les « too big to fail » et leurs servants apprentis sorciers de la finance. Ceux-là mêmes qui ont causé le désastre financier de 2008 avec son train de conséquences sur les petits épargnants, les travailleurs (forestiers entre autres), sur le peuple en général.
Même une institution financière comme Les Caisses Desjardins, mouvement coopératif... qui joue depuis un certain temps dans la cour des grands, n’échappe pas à cette obsession de concentration des services. L’économie sociale? Le micro-crédit? Non merci! Pas assez prestigieux, ni assez payant. Les nouveaux disciples d’Alphonse ont vite compris les bienfaits capitalistes qu’ils pouvaient retirer (bonis et salaires faramineux) de la concentration au détriment des services de proximité. Eux-mêmes d'affirmer : « Il est important de demeurer compétitif en augmentant davantage notre seuil de rentabilité ». Quel est présentement le seuil de rentabilité de Desjardins? Pourquoi cette obsession de toujours vouloir jouer davantage dans la cour des grands? La fierté québécoise? Et quoi encore? Les membres veulent-ils vraiment cela? Alphonse Desjardins n’a-t-il pas fondé son mouvement avant tout pour encourager et supporter les petits épargnants, et faire ainsi échec au pouvoir tentaculaire des banques?
Dans la même livraison du Progrès-Dimanche, voilà que la visionnaire directrice générale de la Caisse du réseau de la santé, madame Lynda Leclerc, annonce que le service comptoir de la rue Racine à Chicoutimi disparaitra cet automne, ainsi que les emplois s’y rattachant. Après les guichets de Place du Royaume et de la Côte-Réserve à Chicoutimi, une autre coupure. Et pour notre plus grand bien, nous apprend la directrice, même si elle a trouvé cela pénible et difficile à annoncer. Ouais! Il apparait clairement que nous sommes, ici encore, dans une logique de concentration au détriment des services de proximité.
Compensation : madame Leclerc nous informe que les personnes âgées « usagées » ne seront pas abandonnées; on va, dit-elle, leur montrer comment fonctionne un guichet. Ah bon! Et pour les personnes âgées qui ont appris, elles, le fonctionnement des guichets de la Côte-Réserve et du centre d’achat? À quoi cela leur a-t-il servi d’apprendre à utiliser le guichet? Pourquoi ne pas utiliser les guichets de la Banque Nationale? De toute façon, il n’y a plus de distinction à faire entre la banque et la caisse. La banque Desjardins, voilà ce qu’est maintenant devenue l’oeuvre de son fondateur.
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