Je suis d’accord avec celles et ceux qui constatent un important déficit démocratique à Saguenay. La dernière séance du Conseil municipal me l’a démontré de façon évidente. J’y ai assisté, j’y ai même participé.
La séance a évidemment débuté par l’obligée (pour le moment) récitation de la prière par notre religieux maire Tremblay, suivie d’une période affectée aux congratulations de citoyennes et citoyens méritants aux plans social et sportif. Puis, le maire et ses conseillers ont passé au travers de la fastidieuse opération de « rubber stamping » d’avis de motion concernant le zonage et les règlements d’emprunt qu’ils ont expédié rondement, Dieu merci! De l’assistance, on commençait déjà à sentir que la « gang » avait hâte de mettre fin à cette séance qui ne venait pourtant que de débuter.
Dans un début de brouhaha dans l’assistance arriva la période des questions des contribuables, que le maire annonça par un « Y-a-t-il des questions? » à peine audible et peu convaincant. Comme si les membres du conseil souhaitaient qu’au moins une fois dans leur vie d’élus municipaux personne ne daignerait se présenter au micro pour les obliger à demeurer rivés à leurs chaises encore un moment (qu’ils furent en outre incapables d’appréhender). Cela les a rendus visiblement impatients.
Si vous ne vous précipitez pas en levant le bras, vous voyez des membres du conseil commencer à s’agiter pour lever le « fly ». Comme ces jeunes écoliers baveux qui, pour narguer le prof, ramassent bruyamment leurs p’tits pour s’éclipser de la classe au plus vite avant même que la cloche ne retentisse. Ils ont décrété que c’est terminé. Les élus n’ont que faire d’entendre les salades de citoyens chialeurs ou en mal de se faire voir.
L’assistance ne constituait même pas la masse critique nécessaire à un exercice démocratique minimal. Poser une question pour le maire, ça veut dire : « à fret, comme ça ». Ne surtout pas présenter une question. D’ailleurs, il ne rate jamais l’occasion de vous interrompre si vous « préambulez » trop longtemps à son goût, pour vous préciser la chose. Belle façon d’exercer la démocratie. Les élus municipaux seront dans l’obligation de suivre un cours sur l’éthique politique. J’espère qu’ils auront à passer un examen et que ceux qui l'échoueront seront invités à démissionner de leur poste.
Enfin, ma question s’adresse au maire : « À quel endroit, à Saguenay, un citoyen désireux de débattre avec les élus de questions citoyennes importantes comme la protection de notre eau potable, la bonne gestion du patrimoine de la ville, la sécurité piétonnière, etc. peut-il le faire, sauf à la salle du Conseil municipal? ».
Si vous assistez un jour à une séance du Conseil, faites l’exercice de comparer l’espace réservé au maire et ses conseillers d’avec celui prévu pour l’assistance. Vous verrez là un signe ostentatoire de cet important déficit démocratique qui prévaut à l’Hôtel de Ville. Les conseillers pourraient toujours se défendre en affirmant qu’ils doivent bien pouvoir s’asseoir quelque part dans la salle. Mais leur présence y est-elle vraiment nécessaire? Poser la question, c’est y répondre.
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