Le gros titre de la page couverture du Quotidien du vendredi, 4 janvier
dernier, ventant Saguenay comme la ville du Québec la plus performante au plan
économique en 2012, a probablement fait mouche dans l'esprit d'une fraction de l'opinion
publique qui doutait. Le maire ne pourra que se réjouir d'un pareil coup de
pouce à sa campagne électorale. Le devrait-il?
À en juger par le palmarès de la CIBC sur la performance économique des
villes canadiennes, Saguenay aurait bénéficié, en un an, de rien de moins qu'un...
dopage de son économie qui s'est soldé par un bond spectaculaire de 14 points
de pourcentage par rapport à 2011. Une propulsion de la vingt-quatrième à la
dixième place sur le palmarès. De quoi convaincre les opposants à Jean Tremblay
les plus récalcitrants de changer d'avis, à l'élection du 3 novembre prochain. Cependant,
un adage voulant que l'on fasse dire aux chiffres ce que l'on veut bien, le
palmarès de la CIBC, comme celui sur les écoles du Québec du magazine
l'Actualité, se doivent d'être interprétés à l'aune de la circonspection.
Dans un article de la même édition du Quotidien, le maire attribue, une
partie du succès de sa ville au fait qu'elle est mieux organisée que les autres
pour attirer des entreprises. Cependant, le palmarès de la CIBC souligne que
Saguenay fait piètre figure quant à la faillite des entreprises. Évidente
contradiction, qui démontre, de surcroît, qu'attirer des entreprises est une
chose, alors que les conserver en est une autre. Le palmarès relève aussi que
Saguenay fait piètre figure au plan de la croissance démographique. Ce qui ne
surprend plus personne et qu'il est bien difficile, de ne pas y voir un lien
entre la faillite des entreprises et le problème endémique que constitue notre faiblesse
au plan démographique. Le diable se cache, ici, dans les détails?
Le cas de l'entreprise Novelis est patent: il se pourrait bien que la
fermeture d'entreprises à Saguenay empêche la population active, celle en
mesure de travailler, d'augmenter. Pire encore, que ça la fasse diminuer. Les
entreprises ferment, ce qui entraine plus de chômage, qui, à son tour, nuit à
notre santé démographique. Bien que le taux de chômage à Saguenay soit bien
coté par le palmarès CIBC, cela n'empêche pas qu'il puisse cacher une réalité
toute autre. Le taux de chômage officiel a ceci de pervers: il montre, souvent,
un nombre de chômeurs moins élévé qu'il l'est réellement.
Pour ces raisons et bien d'autres, les palmarès de performance, quels
qu'ils soient, doivent être pris pour ce qu'ils sont: du menu fretin.
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