samedi 5 janvier 2013

Du menu fretin.


Le gros titre de la page couverture du Quotidien du vendredi, 4 janvier dernier, ventant Saguenay comme la ville du Québec la plus performante au plan économique en 2012, a probablement fait mouche dans l'esprit d'une fraction de l'opinion publique qui doutait. Le maire ne pourra que se réjouir d'un pareil coup de pouce à sa campagne électorale. Le devrait-il?

À en juger par le palmarès de la CIBC sur la performance économique des villes canadiennes, Saguenay aurait bénéficié, en un an, de rien de moins qu'un... dopage de son économie qui s'est soldé par un bond spectaculaire de 14 points de pourcentage par rapport à 2011. Une propulsion de la vingt-quatrième à la dixième place sur le palmarès. De quoi convaincre les opposants à Jean Tremblay les plus récalcitrants de changer d'avis, à l'élection du 3 novembre prochain. Cependant, un adage voulant que l'on fasse dire aux chiffres ce que l'on veut bien, le palmarès de la CIBC, comme celui sur les écoles du Québec du magazine l'Actualité, se doivent d'être interprétés à l'aune de la circonspection.

Dans un article de la même édition du Quotidien, le maire attribue, une partie du succès de sa ville au fait qu'elle est mieux organisée que les autres pour attirer des entreprises. Cependant, le palmarès de la CIBC souligne que Saguenay fait piètre figure quant à la faillite des entreprises. Évidente contradiction, qui démontre, de surcroît, qu'attirer des entreprises est une chose, alors que les conserver en est une autre. Le palmarès relève aussi que Saguenay fait piètre figure au plan de la croissance démographique. Ce qui ne surprend plus personne et qu'il est bien difficile, de ne pas y voir un lien entre la faillite des entreprises et le problème endémique que constitue notre faiblesse au plan démographique. Le diable se cache, ici, dans les détails?

Le cas de l'entreprise Novelis est patent: il se pourrait bien que la fermeture d'entreprises à Saguenay empêche la population active, celle en mesure de travailler, d'augmenter. Pire encore, que ça la fasse diminuer. Les entreprises ferment, ce qui entraine plus de chômage, qui, à son tour, nuit à notre santé démographique. Bien que le taux de chômage à Saguenay soit bien coté par le palmarès CIBC, cela n'empêche pas qu'il puisse cacher une réalité toute autre. Le taux de chômage officiel a ceci de pervers: il montre, souvent, un nombre de chômeurs moins élévé qu'il l'est réellement.

Pour ces raisons et bien d'autres, les palmarès de performance, quels qu'ils soient, doivent être pris pour ce qu'ils sont: du menu fretin.

Marcel Lapointe, membre de l'ERD de Saguenay. 

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