Le ralentissement du trafic au port de Grand
Anse ne serait que provisoire selon un lecteur d'opinion du Quotidien. Il doit
faire un lien avec la crise économique qui, elle aussi, ne serait que provisoire.
Pas si sûr. De plus en plus, les experts en économie, autant de droite que de
gauche, parlent d'une crise économique "structurelle" mondiale. Là
pour demeurer. Ce n'est pas encore le "radeau de la Méduse" mais...
Pour susciter la réflexion de celles et ceux
qui montrent de l'ouverture d'esprit, je les réfère à un article, "La fin
de la croissance", écrit par l'économiste américain de renom, de
l'Université Northwestern, Robert Gordon. Selon lui, il a fallu cinq siècles
pour que le niveau de vie double dans les pays occidentaux les plus avancés, de
1300 à 1800. Et seulement au dix-neuvième siècle, il a encore doublé; doublant,
à nouveau, entre 1929 et 1957. La même chose s'est reproduite entre 1958 et
1990. Ce qui fait dire à Gordon que la période faste est finie. La limite à
peser sur le champignon est atteinte.
À l'instar des changements climatiques, on ne
peut plus revenir en arrière en matière d'économie mondiale: il faut désormais
accepter la décroissance pour quelques siècles, selon Gordon. N'est-ce pas là
une occasion rêvée pour réfléchir en visionaires éclairés et réalistes, par le
recours à la démocratie directe, aux projets payés de nos poches à mettre de
l'avant?
Beaucoup arguent que le creux économique n'est
que provisoire, que nous ne vivons rien d'autres qu'un de ces cycles
économiques emblématiques du capitalisme et que la croissance va finir par
reprendre. Mais, Robert Gordon avance que la dernière révolution technologique,
celle de l'informatique et des technologies de l'information, qui a suivi
celles de la machine à vapeur, du moteur à explosion, des communications et de
la chimie médicale et industrielle, a produit des retombées très modestes en
terme de niveau de vie des populations, à comparer aux révolutions
précendentes.
Alors,
nous devrions, collectivement, réfléchir avant d'investir des dizaines de
millions de dollars dans des projets qui sont encore loins d'avoir démontré un
potentiel de croissance économique régionale. Contrairement à ce qu'avance
notre lecteur d'opinion au sujet de la desserte ferroviaire, ce projet n'a
jamais, à ma connaissance, reçu l'acceptabilité sociale. À moins que l'on
veuille nous laisser croire qu'un sondage favorable en tienne lieu.
Un débat est nécessaire, pour se rejoindre, se
questionner, prendre part aux décisions d'investissements de nos millions.
Entre autres questions: quelle sera l'implication, l'engagement que des
compagnies, comme les minières, devront démontrer envers ce projet? Mis à part
les vagues promesses, les si, les propos d'élus énoncés, le plus souvent, au
conditionnel, où sont les engagements écrits? Par exemple, en matière de
développement durable, de transformation, ici, de nos ressources minières. De
la minière Black Rock, à ce que je sache, aucun projet de transformation ne fut
annoncé au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ne serait-ce que pour la fabrication de
boulettes provenant de notre fer?
Faut quand même pas prendre l'opinion publique
pour une valise.
Marcel Lapointe, Jonquière.
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