mercredi 9 janvier 2013

Du provisoire devenu permanente.




Le ralentissement du trafic au port de Grand Anse ne serait que provisoire selon un lecteur d'opinion du Quotidien. Il doit faire un lien avec la crise économique qui, elle aussi, ne serait que provisoire. Pas si sûr. De plus en plus, les experts en économie, autant de droite que de gauche, parlent d'une crise économique "structurelle" mondiale. Là pour demeurer. Ce n'est pas encore le "radeau de la Méduse" mais...

Pour susciter la réflexion de celles et ceux qui montrent de l'ouverture d'esprit, je les réfère à un article, "La fin de la croissance", écrit par l'économiste américain de renom, de l'Université Northwestern, Robert Gordon. Selon lui, il a fallu cinq siècles pour que le niveau de vie double dans les pays occidentaux les plus avancés, de 1300 à 1800. Et seulement au dix-neuvième siècle, il a encore doublé; doublant, à nouveau, entre 1929 et 1957. La même chose s'est reproduite entre 1958 et 1990. Ce qui fait dire à Gordon que la période faste est finie. La limite à peser sur le champignon est atteinte.

À l'instar des changements climatiques, on ne peut plus revenir en arrière en matière d'économie mondiale: il faut désormais accepter la décroissance pour quelques siècles, selon Gordon. N'est-ce pas là une occasion rêvée pour réfléchir en visionaires éclairés et réalistes, par le recours à la démocratie directe, aux projets payés de nos poches à mettre de l'avant?

Beaucoup arguent que le creux économique n'est que provisoire, que nous ne vivons rien d'autres qu'un de ces cycles économiques emblématiques du capitalisme et que la croissance va finir par reprendre. Mais, Robert Gordon avance que la dernière révolution technologique, celle de l'informatique et des technologies de l'information, qui a suivi celles de la machine à vapeur, du moteur à explosion, des communications et de la chimie médicale et industrielle, a produit des retombées très modestes en terme de niveau de vie des populations, à comparer aux révolutions précendentes.

Alors, nous devrions, collectivement, réfléchir avant d'investir des dizaines de millions de dollars dans des projets qui sont encore loins d'avoir démontré un potentiel de croissance économique régionale. Contrairement à ce qu'avance notre lecteur d'opinion au sujet de la desserte ferroviaire, ce projet n'a jamais, à ma connaissance, reçu l'acceptabilité sociale. À moins que l'on veuille nous laisser croire qu'un sondage favorable en tienne lieu.

Un débat est nécessaire, pour se rejoindre, se questionner, prendre part aux décisions d'investissements de nos millions. Entre autres questions: quelle sera l'implication, l'engagement que des compagnies, comme les minières, devront démontrer envers ce projet? Mis à part les vagues promesses, les si, les propos d'élus énoncés, le plus souvent, au conditionnel, où sont les engagements écrits? Par exemple, en matière de développement durable, de transformation, ici, de nos ressources minières. De la minière Black Rock, à ce que je sache, aucun projet de transformation ne fut annoncé au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ne serait-ce que pour la fabrication de boulettes provenant de notre fer?

Faut quand même pas prendre l'opinion publique pour une valise.

Marcel Lapointe, Jonquière.

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