Un jour, après que le propriétaire de la bleuetière m'eut assigné le
périmètre à respecter pour ramasser mon seau de bleuets, j'ai pris la liberté
d'outre-passer ma prérogative en m'aventurant en dehors dudit périmêtre pour
cueillir ce que je croyais être mieux. Un coup de siflet n'a pas mis de temps à
se faire entendre, suivi d'une admonestation à regagner le territoire qu'il m'avait
asssigné. Sinon. J'ai quand même réussi à remplir ma chaudière. Vous l'aurez
compris dans ce qui va suivre, la bleuetière c'est le parterre forestier, son
propriétaire, le gourvernement par le biais du Forestier en chef.
Il me semble que pour des élus supposés d'être le moindrement instruits
et renseignés ce n'est pas si difficile à comprendre. Aujourd'hui, l'industrie
promet de montrer patte blanche mais cela demeure insuffisant. Ce que le
nouveau régime forestier du gouvernement veut ce n'est pas d'empêcher
l'industrie forestière de faire des affaires en lui coupant l'accès à la
ressource, c'est de baliser, de civiliser, de ne pas laisser seulement à un
gros joueur comme Résolu le pouvoir de s'accarparer pour lui seul à peu près
tout le parterre forestier, de laisser la forêt se regénérer après les
décennies de destruction massive qu'on lui a fait subir.
L'Erreur Boréale de Richard Desjardins, n'en déplaise aux pourfendeurs
des écologistes, n'est pas une vue de l'esprit. Le problème est bien réel.
Desjardins n'a pas fait que le dire, il nous l'a montré. Cela est
incontestable. C'est peut-être pourquoi les membres de la Conférence régionale
des Élus (CRE) nous apprennent, dans le Quotidien du 14 juin dernier, qu'à
partir de maintenant ce n'est plus contre les environnementalistes qu'ils
livreront bataille mais contre "l'hydre gouvernementale" que
constitue le nouveau régime forestier et son gestionnaire, le forestier en
chef. Pourquoi? Parce que selon les élus qui composent la CRE, les déboires que
connait en ce moment l'industrie forestière et la nuisance à l'avancement de
ses affaires sont dus à la diminution de la possibilité forestière imposée par le
forestier en chef. Cependant, ils sont muets sur la crise économique qui, selon
les données les plus récentes sur la croissance, va continuer de perdurer.
Malgré la faible demande de produits forestiers qui a cours
présentement, les inconditionnels de Produits Forestiers Résolu ont décidé
qu'ils vont s'en prendre à la crédibilité du régime forestier et des décisions
du gestionnaire. La CRE pour ce faire va tenter de nous démontrer qu'ici au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, 4.6 millions de mètres cube de bois par rapport aux 8
millions disponibles au temps où la forêt québécoise était exploitée selon des
règles "far-westiennes", s'avèrent insuffisants pour répondre à la
demande stagnante pour ne pas dire décroissante qui prévaut présentement sur
les marchés.
Pour y arriver, ce qui est fort questionnable, ils vont embaucher une
firme... indépendante afin de contester les chiffres du Forestier en chef. Comme
si tout ce qui avait été fait jusqu'ici aux frais des contribuables québécois
en terme d'études n'avait aucune valeur. Et qui aura encore à payer pour l'engagement
de cette firme indépendante? Les MRC de la région et la CRE. C'est à dire nous
les contribuables. Cette décision d'élus m'apparait inappropriée, voire une
insulte à l'intelligence du peuple.
Comme l'a si bien dit le chef de pupitre du journal, Le Quotidien,
Denis Bouchard dans son plus récent éditorial: c'est la crise économique
mondiale qui fait que l'exploitation forestière n'est plus au rendez-vous. Les
élus de la CRE, en perte de repères, m'apparaissent incapables de trouver un
véritable moyen de sortie de crise pour l'industrie forestière.
Félicien Normandin, Lac-Saint-Jean-Est.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire