vendredi 14 juin 2013

La récréation est terminée


Un jour, après que le propriétaire de la bleuetière m'eut assigné le périmètre à respecter pour ramasser mon seau de bleuets, j'ai pris la liberté d'outre-passer ma prérogative en m'aventurant en dehors dudit périmêtre pour cueillir ce que je croyais être mieux. Un coup de siflet n'a pas mis de temps à se faire entendre, suivi d'une admonestation à regagner le territoire qu'il m'avait asssigné. Sinon. J'ai quand même réussi à remplir ma chaudière. Vous l'aurez compris dans ce qui va suivre, la bleuetière c'est le parterre forestier, son propriétaire, le gourvernement par le biais du Forestier en chef.

Il me semble que pour des élus supposés d'être le moindrement instruits et renseignés ce n'est pas si difficile à comprendre. Aujourd'hui, l'industrie promet de montrer patte blanche mais cela demeure insuffisant. Ce que le nouveau régime forestier du gouvernement veut ce n'est pas d'empêcher l'industrie forestière de faire des affaires en lui coupant l'accès à la ressource, c'est de baliser, de civiliser, de ne pas laisser seulement à un gros joueur comme Résolu le pouvoir de s'accarparer pour lui seul à peu près tout le parterre forestier, de laisser la forêt se regénérer après les décennies de destruction massive qu'on lui a fait subir.

L'Erreur Boréale de Richard Desjardins, n'en déplaise aux pourfendeurs des écologistes, n'est pas une vue de l'esprit. Le problème est bien réel. Desjardins n'a pas fait que le dire, il nous l'a montré. Cela est incontestable. C'est peut-être pourquoi les membres de la Conférence régionale des Élus (CRE) nous apprennent, dans le Quotidien du 14 juin dernier, qu'à partir de maintenant ce n'est plus contre les environnementalistes qu'ils livreront bataille mais contre "l'hydre gouvernementale" que constitue le nouveau régime forestier et son gestionnaire, le forestier en chef. Pourquoi? Parce que selon les élus qui composent la CRE, les déboires que connait en ce moment l'industrie forestière et la nuisance à l'avancement de ses affaires sont dus à la  diminution de la possibilité forestière imposée par le forestier en chef. Cependant, ils sont muets sur la crise économique qui, selon les données les plus récentes sur la croissance, va continuer de perdurer.

Malgré la faible demande de produits forestiers qui a cours présentement, les inconditionnels de Produits Forestiers Résolu ont décidé qu'ils vont s'en prendre à la crédibilité du régime forestier et des décisions du gestionnaire. La CRE pour ce faire va tenter de nous démontrer qu'ici au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 4.6 millions de mètres cube de bois par rapport aux 8 millions disponibles au temps où la forêt québécoise était exploitée selon des règles "far-westiennes", s'avèrent insuffisants pour répondre à la demande stagnante pour ne pas dire décroissante qui prévaut présentement sur les marchés.

Pour y arriver, ce qui est fort questionnable, ils vont embaucher une firme... indépendante afin de contester les chiffres du Forestier en chef. Comme si tout ce qui avait été fait jusqu'ici aux frais des contribuables québécois en terme d'études n'avait aucune valeur. Et qui aura encore à payer pour l'engagement de cette firme indépendante? Les MRC de la région et la CRE. C'est à dire nous les contribuables. Cette décision d'élus m'apparait inappropriée, voire une insulte à l'intelligence du peuple.

Comme l'a si bien dit le chef de pupitre du journal, Le Quotidien, Denis Bouchard dans son plus récent éditorial: c'est la crise économique mondiale qui fait que l'exploitation forestière n'est plus au rendez-vous. Les élus de la CRE, en perte de repères, m'apparaissent incapables de trouver un véritable moyen de sortie de crise pour l'industrie forestière.

Félicien  Normandin, Lac-Saint-Jean-Est.

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