mercredi 7 novembre 2012

ÉCONOMIE 101.



                                 

Quoiqu'à divers degrés, nous sommes tous consommateurs. Je me catégorise dans la classe des raisonnables. Je pratique, bien que dans une moindre mesure, la simplicité volontaire. Que l'on soit consommateur bancal ou compulsif, personne, de façon consciente, n'irait tirer pas les fenêtres ou brûler volontairement son argent. À part bien sûr, Hydro-Québec.

Un débat soulève, présentement, les passions au Lac Saint-Jean, en rapport avec le projet d'installation d'une minicentrale hydroélectrique sur la rivière Ouiatchouan, qui coule dans le village historique de Val-Jalbert. Nonobstant la pertinence ou non de sacrifier à tout jamais le paysage par l'installation d'une chute à pitons, la véracité des coûts de construction ou les supputations au sujet des retombées économiques, il y a aussi, dans le débat, l'obligation qu'aura notre... fleuron québécois d'acheter, peu importe ses besoins en mégawatts, l'électricité générée par un éventuel barrage sur la Ouiatchouan.

Des articles récemment parus dans le journal Le Quotidien de Saguenay, faisant état de données provenant d'Hydro-Québec Distribution, disent que ses surplus énergétiques entre 2012 et 2014 seront de plus de 4 térawatts/heures et de 28 térawatt/heures d'ici 2020. C'est énorme! En 2013 seulement, selon le journal Le Soleil, Hydro-Québec dépensera 500 millions en achat d'électricité dont elle n'a pas besoin. Selon l'analyste en énergie, Jean François Blain, Hydro devra dépenser 5 milliars au cours des dix prochaines années pour des achats d'électricité en pure perte. On nage, ici, en plein délire!

Hydro-Québec achète, présentement, aux producteurs privés et publics de l'énergie électrique dont elle n'a pas besoin. Alors, quelle est la pertinence de multiplier ici et là des minicentrales hydroélectriques dans le contexe économique que nous connaissons dans le monde? Des minicentrales qui vont vendre leurs kilowatts/heure plus chers (plus de11 cents le kw/h dans certains cas), alors qu'Hydro-Québec, si elle le peut, les revendra 6 cents. Et qui plus est, comme l'électricité constitue une source d'énergie qui ne peut être mise en réserve, comme le pétrole ou le gaz naturel, elle est perdue à jamais. Quel investisseur privé irait acheter des kilowatts/heure que, non seulement il ne pourra que vendre à perte, mais qu'il ne saura conserver en inventaire en vue de jours meilleurs?

 Si "Hydro-Val-Jalbert" vient au monde un jour, ses ventes d'électricité à Hydro seront l'équivalent d'une subvention gouvernementale déguisée envers une communauté consentie par nous tous, actionnaires d'Hydro-Québec. En toute logique, ne serait-il pas plus raisonnable que le Ministère de l'Environement du Québec donne son aval pour la construction d'une minicentrale hydroélectrique à Val-Jalbert lorsqu'une solide et persistente reprise économique sera au rendez-vous? Quand? L'économiste qui saurait le garantir n'existe encore pas.

Marcel Lapointe, Jonquière.

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