Nombreux sont celles et ceux qui disent que cette campagne électorale
est basse, boueuse, caractérisée par son absence de contenu; une campagne au
cours de laquelle sont évacués des enjeux aussi importants que l'environnement
et l'éducation. Mais ce n'est pas tout à fait vrai. Par exemple, en matière d'environnement, le parti Québec Solidaire
propose de nous affranchir progressivement du pétrole en allant vers
l'électrification massive de nos transports en commun avec des sources
renouvelables d'énergie.
Pendant ce temps, le parti Québécois s'incline devant les dieux du
pétrole en promettant d'exploiter celui de l'île d'Anticosti et de renverser le
pipeline d'Enbridge pour acheminer du pétrole sale albertain au Québec, en partie dans des
raffineries, en partie vers les provinces de l'Est et aux États-Unis. Cette
proposition ne tient plus la route compte tenu du dernier
rapport de l'organisme onusien, le Groupe intergouvernemental d'experts sur
l'évolution du climat (GIEC), qui établit que le changement climatique pose une
vraie menace. à court terme, sur notre capacité à nourrir l'humanité.
Le GIEC avertit que si la communauté internationale ne réussit pas à
s'entendre sur un plan de lutte pour contenir à 20C le réchauffement
de la planète d'ici la fin du siècle, la trajectoire climatique nous aligne sur
une hausse se situant entre 4 et 50C avec d'inévitables conséquences
dramatiques à la clé. Des cultures alimentaires essentielles, comme le blé et
le riz seront affectées par une baisse de 2% par décennie, alors que la demande
mondiale pourrait bondir de 14% d'ici 2050. Qu'en sera-t-il du prix des
aliments? On parle d'une hausse variant de 3% à 84% d'ici 2050. Le réchauffement
se fera aussi sentir sur les récoltes de café et du vin, sur les pêcheries,
etc. Moins de ressources alimentaires, moins d'eau vont entraîner encore plus
de pauvreté, des déplacements massifs de populations avec risques de conflits
violents pour l'appropriation des ressources.
En Amérique du Nord, nous ne serons pas épargnés. Le GIEC parle d'une
baisse de la production agricole qui va nuire à la sécurité alimentaire mondiale.
On ne pourra pas toujours se servir en premier. Nos infrastructures, au Québec,
étant vulnérables aux événements météorologiques extrêmes (le déluge au
Saguenay et le verglas en Montérégie en sont des exemples récents) ne pourront
résister, si elles ne sont pas renforcées par d'énormes investissements. Le
GIEC prévoit également que notre santé subira les impacts de la hausse de la
température planétaire, des vagues de chaleur et des inondations, par une
propagation plus importante de certaines maladies; les maladies infectieuses au
premier chef.
Les experts du GIEC, ils sont des milliers provenant de différents
pays, sont unanimes: nous ne sommes pas préparés à affronter le réchauffement
du climat causé par la hausse continue des gaz à effet de serre (GES); même
avec des investissements importants. Ce sur quoi il faut agir, et rapidement,
c'est sur la cause: les GES, dont la raison principale est notre dépendance au
pétrole. Devant un dossier climatique aussi accablant, les spécialistes de la
question demandent aux pays qui sont présentement en mode "blocage",
comme le Canada de se présenter en mode "solution" aux prochaines
négociations internationales sur le climat, en 2015 à Paris. À mon point de
vue, parmi les solutions à préconiser pour le Québec, ce n'est pas celle
d'imiter l'Alberta, en exploitant du pétrole comme le promet aux électeurs du
Québec, le parti Québécois.
Félicien Normandin, Lac-Saint-jean-Est.
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