Pour amener la plèbe à faire sienne leur
rhétorique, les sophistes de la Grèce ancienne avaient mis au point une
stratégie: ne lui faire voir qu'un côté de la médaille d'une question à
débattre. Une stratégie, qui, même si elle est vielle comme le monde, est
toujours à la mode, comme un intervenant nous l'a démontré, en voulant nous convaincre que les Québécois courent à leur perte si, un jour,
ils deviennent indépendants.
Dans le cas en question, monsieur Tremblay,
nous présente une série de chiffres évoqués en impressionnants milliards
montrant les désavantages de l'indépendance du Québec, en prenant bien soin de
passer sous silence les chiffres en milliards récupérés en impôts du fédéral
qui chaque année reviendraient au Québec. Monsieur Tremblay va même plus loin
que les candidats fédéralistes, qui, au cours de cette campagne électorale,
n'arrêtent pas de nous faire craindre un référendum, comme si c'était Ebola.
Avec ses arguments, on a l’impression qu’il est déjà en campagne référendaire.
Ce que, moi, j'ai compris de la démarche
péquiste sur l'avenir du Québec, c'est que, advenant un gouvernement
majoritaire péquiste ou pourquoi pas, un gouvernement minoritaire péquiste avec
suffisamment de députés de Québec solidaire pour détenir la balance du pouvoir,
un livre blanc sur la souveraineté sera déposé, qui ne sera pas, c'est à
souhaiter, un document émaillé de sophismes, sur la base duquel les Québécois
pourront débattre, en toute sérénité, des grandeurs et misères d'un Québec
indépendant. Ensuite de quoi, ils pourront, s'ils le veulent bien, se prononcer
en toute objectivité qu'exige la démocratie, même au ras des pâquerettes.
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