mercredi 3 octobre 2012

Du pain et des jeux.


Parce qu'un jour, il faudra bien rembourser. La dette qui nous enfonce est comme le pergélisol du Grand nord qui ramollit sous nos pieds. Deux processus lents et insidieux pouvant nous mettent dans le trou, chacun sa manière.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty et le président de la Banque du Canada, Mark Carney, pour ne nommer que ceux-là, mettent régulièrement en garde les Canadiens contre l'endettement excessif. Les ménages canadiens, donc saguenéens, sont endettés à hauteur de152% du salaire brut. Par exemple, un ménage saguenéen dont le salaire brut est de 100 mille dollars est endetté à hauteur de 152 mille dollars.

Ceux et celles qui dirigent Saguenay prêchent et pratiquent-ils par l'exemple? À mon avis, non. Le complexe Bateaux croisière-Village portuaire à La Baie, la fameuse carte cachée du maire Tremblay, en remplacement de l'usine Abitibi-Consol, continue de se construire à coups de millions empruntés. Peut-être même un deuxième quai?! Que sont devenus, à titre de lucratifs payeurs de taxes, les quelque 600 contribuables qui y travaillaient? Et ces autres millions empruntés pour l'érection de la Place du Citoyen à Chicoutimi, alors que des infrastrutures comme, les rues, les égoûts, l'acqueduc réclamment plus que ce que l'on dépense à l'heure actuelle pour avoir trop attendu. Et à Jonquière, une somptueuse bibliothèque ornée d'un escalier monumental, lubie de monsieur le maire, alors qu'il aurait tout aussi bien pu en faire construire une, comme à Magog, dans une église déaffectée, style art-déco, pour deux fois moins cher grâce avec l'aide d'une subvention gouvernementale. Une église qui, soit dit en passant, fut offerte gratuitement à la ville par son propriétaire, André Reid.

Ce qui nous enfonce aussi dans "notre pergélisol" fondant, c'est que l'on commence à manquer de payeurs de taxes au profit d'autres villes. En effet, alors que la population de Saguenay a augmenté d'environ mille individus au cours des cinq dernières années, celle des villes de Sherbrooke, Lévis et Trois-Rivières a augmenté respectivement de 7200, 8700 et 5000. Un compte de taxes inférieur à celui de ces villes, peut-être, mais quel est notre degré de richesse à nous. Notre ville s'appauvrit d'une part, du fait d'une population active qui la quitte et d'autre part, au motif du vieillissement de sa population; un fait encore rappelé à nos mémoires par deux récents articles parus dans le Quotidien de Saguenay, le 3 octobre dernier. Voilà un phénomène que nos élus prennent trop à la légère.

La preuve: Saguenay a décidé, il y a deux ans, de quitter la table régionale de concertation en matière d'immigration. Pendant qu'ici à Saguenay on semble faire du surplace à ce chapitre, chez nos voisins du Lac Saint-Jean, l'organisme "Portes ouvertes sur le Lac" travaille de façon active et exemplaire pour attirer des immigrants de façon à combler, un tant soit peu, notre déficit démographique. Un autre article paru dans la même édition du Quotidien nous amène à s'interroger sur ce qui se fait ici à Saguenay en matière d'acceuil, d'accompagnement et d'intégration socioprofessionnelle personnalisés des immigrants.

 Tous les citoyens de Saguenay ne sont pas dupes des invitations aux divertissements que notre premier magjstrat leur propose. Un certain nombre s'interroge. Du pain et des jeux, plutôt que prendre à bras le corps des problèmes majeurs tel, le comblement du déficit actuariel du fonds de pension des employés de Ville Saguenay. Qu'en sera-t-il du compte de taxes, de ceux qui seront là, dans quelques années, si, de surcroit, les taux d'intérêts sur la dette que nous payons présentement, viennent qu'à doubler, tripler, voire quadrupler à la faveur d'une reprise économique? Une reprise qui n'est pas garantie ici compte tenu de notre inquétant déficit démographique.

Vaches maigres correspond à mesures d'austérité, austérité signifie plus de taxes à payer et moins de services et de divertissement à la clef.

Marcel Lapointe, Jonquière.

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