jeudi 25 octobre 2012

Le cas Morency.


Je crois que la chroniqueuse, Dominique Savard, erre quand elle écrit, dans son commentaire du 22 octobre dernier dans Le Courrier du Saguenay, que l'ancien procureur de la couronne à Alma, Jean François Morency, n'aurait pas dû se retrouver en prison (trois ans) pour son crime: la corruption.

Madame prétend que l'homme s'est réhabilité durant la période (deux ans) au cours de laquelle il a attendu son procès et sa sentence. Il est vrai que deux années peuvent suffir à réhabiliter une personne de son espèce, mais rien ne prouve qu'il y a eu réhabilitation dans son cas. Même s'il a montré un potentiel de réhabilitation et même si des personnes qui l'ont cautionné, son avocat et l'employeur chez qui il a travaillé en attendant son verdict, l'on déclaré réhabilité. Ces personnes ne sont pas des spécialistes en la matière, tant s'en faut; d'autant plus qu'elles ne furent pas neutres dans le dossier. Au demeurant, n'importe quel prévenu a intérêt à montrer patte blanche parce qu'il n'y a pas d'autre avenue pour lui éviter la prison. Là, on est loin de la réhabilitation.

S'il suffisait au prévenu de faire la démonstration qu'il a le ferme propos de ne plus recommencer pour obtenir la clémence de la cour, nos prisons seraient aussi peu fréquentées que nos églises, avec, à la clé, une société complètement "fukée". En fait, la véritable réhabilitation, dans le cas de Morency, commencera en prison, lorsqu'il sera pris en charge, s'il le veut bien, par des spécialistes capables de le faire cheminer et de conclurent, en bout de programme, à partir de données objectives à la réussite de sa réhabilitation.

Seulement, il y a un autre point qui m'apparait majeur dans ce dossier: celui de la sentence exemplaire. Très possible que, face à des cas de violence de toutes sortes et d'abus sexuels, sur des enfants en particulier, notre système de justice soit trop laxiste. Que les sentences, selon nos critères moraux et éthiques, soient dans certains cas trop clémentes, dans d'autres, pas assez. Mais dans le cas de corruption d'une personne comme celui d'un procureur de la coronne, son incorruptibilité et sa morale doivent être à toute épreuve.

Comme citoyen qui croit en notre système de justice, bien qu'il ne soit pas parfait, je dois avoir pleine confiance envers celui qui, des deux côtés du prétoire, me représente; celui que je paie, soit dit en passant. Dans le cas Morency, une sentence qualifiée de "bonbon" par la clameur publique aurait créé une jurisprudence donnant le prétexte à d'autres individus facilement corruptibles d'agir de la même façon. Alors, sans une sentence dissuasive, c'est une des assises fondamentales de notre système de justice qui s'effriterait.

Gérard Audet, Chicoutimi.

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