Je
crois que la chroniqueuse, Dominique Savard, erre quand elle écrit, dans son
commentaire du 22 octobre dernier dans Le Courrier du Saguenay, que l'ancien
procureur de la couronne à Alma, Jean François Morency, n'aurait pas dû se
retrouver en prison (trois ans) pour son crime: la corruption.
Madame prétend que l'homme s'est réhabilité durant la période (deux
ans) au cours de laquelle il a attendu son procès et sa sentence. Il est vrai
que deux années peuvent suffir à réhabiliter une personne de son espèce, mais
rien ne prouve qu'il y a eu réhabilitation dans son cas. Même s'il a montré un
potentiel de réhabilitation et même si des personnes qui l'ont cautionné, son
avocat et l'employeur chez qui il a travaillé en attendant son verdict, l'on
déclaré réhabilité. Ces personnes ne sont pas des spécialistes en la matière,
tant s'en faut; d'autant plus qu'elles ne furent pas neutres dans le dossier.
Au demeurant, n'importe quel prévenu a intérêt à montrer patte blanche parce
qu'il n'y a pas d'autre avenue pour lui éviter la prison. Là, on est loin de la
réhabilitation.
S'il suffisait au prévenu de faire la démonstration qu'il a le ferme
propos de ne plus recommencer pour obtenir la clémence de la cour, nos prisons
seraient aussi peu fréquentées que nos églises, avec, à la clé, une société
complètement "fukée". En fait, la véritable réhabilitation, dans le
cas de Morency, commencera en prison, lorsqu'il sera pris en charge, s'il le
veut bien, par des spécialistes capables de le faire cheminer et de conclurent,
en bout de programme, à partir de données objectives à la réussite de sa
réhabilitation.
Seulement, il y a un autre point qui m'apparait majeur dans ce dossier:
celui de la sentence exemplaire. Très possible que, face à des cas de violence
de toutes sortes et d'abus sexuels, sur des enfants en particulier, notre
système de justice soit trop laxiste. Que les sentences, selon nos critères
moraux et éthiques, soient dans certains cas trop clémentes, dans d'autres, pas
assez. Mais dans le cas de corruption d'une personne comme celui d'un procureur
de la coronne, son incorruptibilité et sa morale doivent être à toute épreuve.
Comme citoyen qui croit en notre système de justice, bien qu'il ne soit
pas parfait, je dois avoir pleine confiance envers celui qui, des deux côtés du
prétoire, me représente; celui que je paie, soit dit en passant. Dans le cas
Morency, une sentence qualifiée de "bonbon" par la clameur publique
aurait créé une jurisprudence donnant le prétexte à d'autres individus
facilement corruptibles d'agir de la même façon. Alors, sans une sentence
dissuasive, c'est une des assises fondamentales de notre système de justice qui
s'effriterait.
Gérard Audet, Chicoutimi.
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