J'ai mal compris les propos cités dernièrement par le député de
Roberval à l'Assemblée nationale, Denis Trottier, à l'effet que la rivière
Ouiatchouan pourrait à nouveau servir à la production d'électricité, parce que
telle fut sa vocation au début du siècle dernier. Par fort comme argument
venant d'un défenseur, de sa trempe, de la préservation de la rivière
Ashuapmuschuan contre toute forme d'arnachement, alors que la Ouiatchouan,
elle, est maintenant désignée comme faisant partie d'un site patrimoinial et
parc québécois. Comme s'il s'avérerait normal de recycler en condominiums, une
église reconnue comme joyau patrimonial par l'État.
À Bécancourt, on a définitivement fait table rase sur la centrale
Gentilly 2, au motif de sa non-rentabilité, des dangers potentiels d'une
centrale nucléaire, de l'impossiblité de se défaire complètement des déchets
nucléaires. Sans oublier qu'Hydro-Québec se retrouve présentement avec des
surplus d'électricité qu'elle écoule à un prix moindre que ce qu'elle paie à
quantité de petites centrales qui essaiment un peu partout sur le territoire
québécois. Dans ce dernier cas, cela correspond pour le gouvernement à
subventionner, de façon déguisée, les propriétaires de ces petits barrages: des
villes, des villages et peut-être même des corporations privées.
À Val-Jalbert, le nouveau ministre de l'environnement, Daniel Breton,
se doit d'imposer son véto au projet d'une mini-centrale sur la rivière
Ouiatchouan au motif de sa rentabilité à long terme moins que certaine et parce
que le kilowatt/heure produit par cette dernière sera payé environ dix cents
par Hydro-Québec, mais revendu à perte 5 cents par la société d'État. Au bout
du compte, qui va payer cette subvention déguisée à la Société de l'énergie du
Lac-Saint-Jean, maître d'oeuvre du projet de la Ouiatchouan? Nous, les
Québécois, actionnaires d'Hydro- Québec.
Cependant, il y a plus. Une croix devrait être définitivement apposée
sur le projet de Val-Jalbert parce qu'il va irrémédiablement enlaidir le
portrait d'un des plus beaux sites touristiques et patrimoniaux du Québec
(peut-être le plus beau) en rendant intermittente sa spectaculaire chute, son
point d'orgue. Et c'est sans compter les dégats sur le cours d'eau, en amont de
la chute, et les retombées néfastes sur la faune aquatique. En conséquence, la
rentabilité de notre meilleur produit touristique d'appel régional, qui nous a
coûté, il y a peu de temps, plusieurs millions à restaurer, sera compromise.
Qu'en bout de ligne, les profits que l'on fait miroités à la communauté de
l'est du Lac avec une centrale hydro-électrique sur la rivière Ouatchouan,
seront anéantis par une perte équivalente causée venant d'une diminution de
l'achalandage touristique à Val-Jalbert.
Cela n'arrivera pas du jour au lendemain, comme c'est souvent le cas,
mais sur les moyen et long termes, de façon insidieuse. Alors, lorsque les
dégats nous apparaîtront évidents, il sera, encore une fois, trop tard pour
réagir. Ce qui n'est pas bon pour l'Ashuapmushuan, n'est pas bon l'Ouiatchouan.
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