jeudi 18 octobre 2012

Du répit pour nos belles rivières.


J'ai mal compris les propos cités dernièrement par le député de Roberval à l'Assemblée nationale, Denis Trottier, à l'effet que la rivière Ouiatchouan pourrait à nouveau servir à la production d'électricité, parce que telle fut sa vocation au début du siècle dernier. Par fort comme argument venant d'un défenseur, de sa trempe, de la préservation de la rivière Ashuapmuschuan contre toute forme d'arnachement, alors que la Ouiatchouan, elle, est maintenant désignée comme faisant partie d'un site patrimoinial et parc québécois. Comme s'il s'avérerait normal de recycler en condominiums, une église reconnue comme joyau patrimonial par l'État.

À Bécancourt, on a définitivement fait table rase sur la centrale Gentilly 2, au motif de sa non-rentabilité, des dangers potentiels d'une centrale nucléaire, de l'impossiblité de se défaire complètement des déchets nucléaires. Sans oublier qu'Hydro-Québec se retrouve présentement avec des surplus d'électricité qu'elle écoule à un prix moindre que ce qu'elle paie à quantité de petites centrales qui essaiment un peu partout sur le territoire québécois. Dans ce dernier cas, cela correspond pour le gouvernement à subventionner, de façon déguisée, les propriétaires de ces petits barrages: des villes, des villages et peut-être même des corporations privées.

À Val-Jalbert, le nouveau ministre de l'environnement, Daniel Breton, se doit d'imposer son véto au projet d'une mini-centrale sur la rivière Ouiatchouan au motif de sa rentabilité à long terme moins que certaine et parce que le kilowatt/heure produit par cette dernière sera payé environ dix cents par Hydro-Québec, mais revendu à perte 5 cents par la société d'État. Au bout du compte, qui va payer cette subvention déguisée à la Société de l'énergie du Lac-Saint-Jean, maître d'oeuvre du projet de la Ouiatchouan? Nous, les Québécois, actionnaires d'Hydro- Québec.

Cependant, il y a plus. Une croix devrait être définitivement apposée sur le projet de Val-Jalbert parce qu'il va irrémédiablement enlaidir le portrait d'un des plus beaux sites touristiques et patrimoniaux du Québec (peut-être le plus beau) en rendant intermittente sa spectaculaire chute, son point d'orgue. Et c'est sans compter les dégats sur le cours d'eau, en amont de la chute, et les retombées néfastes sur la faune aquatique. En conséquence, la rentabilité de notre meilleur produit touristique d'appel régional, qui nous a coûté, il y a peu de temps, plusieurs millions à restaurer, sera compromise. Qu'en bout de ligne, les profits que l'on fait miroités à la communauté de l'est du Lac avec une centrale hydro-électrique sur la rivière Ouatchouan, seront anéantis par une perte équivalente causée venant d'une diminution de l'achalandage touristique à Val-Jalbert.

Cela n'arrivera pas du jour au lendemain, comme c'est souvent le cas, mais sur les moyen et long termes, de façon insidieuse. Alors, lorsque les dégats nous apparaîtront évidents, il sera, encore une fois, trop tard pour réagir. Ce qui n'est pas bon pour l'Ashuapmushuan, n'est pas bon l'Ouiatchouan.

Félicien Normandin, Lac-Saint-Jean-Est.

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