dimanche 14 octobre 2012

La somme de toutes les inquiétudes.


Je ne suis pas expert en géopolitique, tant s'en faut, mais nul besoin d'être grand clerc, s'agissant de lire quelque journal le moindrement sérieux, pour conclure à une menace grandissante à la paix mondiale. Les conditions n'ont jamais été si bien réunies depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, excluant la crise des missiles de Cuba au début des années soixante, pour la survenue d'un troisième conflit mondial. Parmi ces conditions, trois ressortent éminemment: un enfoncement de la crise économique dans l'Union Européenne; une guerre à l'échelle régionale, plus que probable, au Moyen Orient; la présence éventuelle de Mitt Romney, candidat républicain, à la présidence des États Unis.

En Europe, l'économie va de mal en pis, ce qui fait vaciller même celle de pays émergents qui, comme la Chine, présentent les meilleurs taux de croissance. Le régime d'austérité imposé par les leadeers capitalistes du monde libre à des pays comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Italie et l'Espagne pour relancer leurs économies moribondes a produit, selon les experts, l'effet contraire: une décroissance encore plus forte. Les banques centrales ont épuisé tout leur arsenal monétaire pour leur venir en aide; les entreprises, pourtant davantage soulagées d'impôts, ont refusé d'investir l'argent ainsi économisé; s'en est suivi une fuite accélérée des capitaux, fuite qui entraine, à son tour, les banques à se délester de milliards d'actifs en euros pour réduire leur exposition au risque.

Les bonzes de l'économie mondiale, réunis à Tokyo pour faire le bilan du régime d'austérité font le constat qu'il enfonce la zone euro dans un chômage, non seulement record mais de plus en plus structurel.11.4% dans l'union monétaire et 18,2 millions de demandeurs d'emplois, soit 2,1 millions de plus que l'an dernier; l'Espagne avec un taux de chômage atteignant les 25% où un jeune sur deux est chômeur; en Grèce, 24% de chômeurs, contre 17% l'an dernier. On ne compte plus, depuis belle lurette, tous les exclus du système. Comme l'a récemment déclaré le journaliste du Devoir, Gérard Bérubé: "Jusqu'où faut-il aller dans le sacrifice social?" Rappelons, pour le bénéfice des plus jeunes, que la grande crise économique des années trente a grandement contribué au déclenchement de la guerre 39-45.

Au Moyen-Orient, le conflit israëlio-palestinien mis à part, la guerre en Syrie a pris des proportions inquiétantes parce que le conflit implique maintenant la Turquie limitrophe. À coté de cette guerre, ce qui inquiète également, c'est que l'Iran, pays qui possèdera bientôt la bombe atomique et Israël, qui la détient déjà, se regardent comme chiens de faïence, bien déterminés à en découdre une bonne fois pour toutes. Pour s'en convaincre, voici les propos de certains militaires hauts placés des Gardiens de la Révolution islamique: " Les États Unis et Israël ne pourraient entrer en guerre avec l'Iran indépendamment l'un de l'autre". "Le déclenchement d'une telle guerre risquerait de provoquer une escalade effrénée". "Si l'Iran était attaqué, sa riposte viserait à la fois des cibles américaines et israéliennes". Et la plus lourde de sens: "Une attaque militaire conjointe d'Israël et des États Unis contre l'Iran pourrait déclencher une troisième guerre mondiale".

Et que dire du phénomène Mitt Romney, présenti pour remplacer Barack Obama à la présidence des États-Unis, le 4 novembre prochain? Il y a un paradoxe chez le peuple américain voulant que d'une part, selon les sondages, ce dernier s'est majoritairement rangé derrière la décision du président Obama visant le retrait des troupes américains d'Irak et d'Afghanistan et que d'autre part, toujours selon les sondages, il s'apprête à faire confiance à son adversaire, Mitt Romney.

Parce que la politique étrangère de ce dernier, selon son programme, sera tranchée voire agressive envers les concurrents, rivaux ou ennemis des Américains. Aux dires d'un de ses conseillers, Romney serait favorable à des frappes israéliennes contre l'Iran et n'exclut ni le retour de son armée en Irak, ni son maintien en Afghanistan. Il présente la Russie comme une force déstabilisatrice de laquelle il faut se méfier. Quant à la Chine qu'il reconnait incontournable au plan économique, il n'a, par ailleurs, pas l'intention de laisser cette puissance majeure faire la pluie et le beau temps en Asie. Avec Romney au pouvoir, le risque d'une radicalisation de la politique étrangère américaine menace la paix dans le monde.

Complètement aberrante cette propension perverse chez l'être humain voulant qu'il faille nécessairement procéder à son auto-destruction pour se reconstruire à nouveau. Et sur les mêmes bases capitalistes en plus.

Marcel Lapointe, Jonquière.


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