En matière d’industrie forestière régionale, il y a un manque évident de volonté, y compris de la part du citoyen à la base, pour développer une vision globale de ce qu’elle pourrait devenir si l’on s’appropriait tous les leviers nécessaires. En témoignent les chicanes, le « tirage » de couverte, les coups de jarnaque et le pleurnichage d’élus sur la place publique. On justifie son immobilisme par crainte de jeter de l’huile sur le feu. Quel feu en passant? À mon avis, il y a longtemps que le feu est mort. D’autres diront que le feu pourrait devenir incontrôlable, comme en 1870. Faudrait alors le laisser tout consumer et tout reprendre à neuf pour générer à nouveau de l’activité économique, comme après une guerre mondiale.
Un député décrypte des informations cruciales, aussitôt recryptées, sur les baux hydroélectriques consentis par Québec aux compagnies. Un démarcheur du bois de construction dénonce une décision politique de Québec mettant fin à son contrat qui, soi-disant, déshabillait les Dutil pour habiller les Tremblay. Un éditorialiste déplore le marasme dans lequel s’englue la foresterie, privée de moyens pour soutenir sa recherche et son développement. Il s’en trouve aussi pour faire de la petite politique sur le dos des travailleurs, leurs familles et conséquemment sur le bien-être d’une communauté.
Et quoi encore ? Des élus regroupés, aux intérêts… divergents, qui se mettent pathétiquement à quatre pattes devant une compagnie capitaliste, par définition, privée d’âme, d’éthique et de conscience sociale. Des travailleurs organisés, souvent sous la même bannière syndicale, qui s’évitent, sauf lorsqu’acculés au pied du mur. Des chefs de ceci, représentants de cela et encore des politiques qui nous garrochent toutes sortes d’informations non vérifiées et contradictoires. On ne dirait pas qu’il existe chez nous, en matière de foresterie, des écoles : université, cégeps, formation professionnelle impliquées dans la communauté ; si ce n’est qu’à titre de fournisseurs de main-d'œuvre qualifiée. Et les écologistes, « ces empêcheurs de tourner en rond » qui viennent mettre leur grain de sel dans tout ce cafouillis. Bref, un chapelet d’emmerdes qui écoeurent bien des Jeannois et des Saguenéens qui assistent impuissants à ce scénario kafkaïen.
Ce diagnostic, surement incomplet, m’amène à proposer du concret social-démocrate qui permettrait à la population de profiter des richesses renouvelables d’une façon intelligente, juste, harmonieuse, dans une perspective de développement durable. Le capitalisme, qu’on le qualifie de sauvage ou domestique, excessif ou réservé, dur ou mou, démontre, aujourd’hui plus que jamais, que les choses ne peuvent plus durer. Donnons-nous, tout le monde, une vision globale, une perspective de ce que pourrait être une industrie forestière que nous voudrions laisser en héritage aux générations futures. Ces dernières, ne vous en déplaise, défendront des valeurs et une façon d’envisager un développement économique différent du nôtre. Nécessité donc de mettre en place des fondations solides sur lesquelles nos descendants pourront bâtir plutôt que déconstruire pour recommencer.
Une vision globale avec un plan régional qui incluerait : le plein contrôle de nos richesses naturelles; la décentralisation des argents, des décisions, des responsabilités. Incidemment, je nous trouve ridicules d’accepter comme des moutons béats, que le Forestier en chef, accompagné de son équipe, ne soit même pas installé à demeure à Roberval ; dans ce qui devrait être son élément naturel. Allons chercher l’argent nécessaire chez Investissement Québec, à la Caisse de dépôt (avant qu’on la retrouve vide), dans les banques (légalement, cela va de soi), dans les poches des plus riches, par le biais de placements avec crédit d’impôt, en formant des coopératives, etc.
Oui à un projet rassembleur de même mouture que celui de la Vallé de l’aluminium. Mais d’abord battons-nous pour prendre possession de ce qui devrait nous appartenir. Les Saguenéens et les Jeannois, autant que les Innuts de Pessamit, ont droit au contrôle de leurs richesses naturelles.
Marcel Lapointe, Saguenay.
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