dimanche 13 novembre 2011

Voir la réalité en face

L’économie n’est pas une loi naturelle; voilà pourquoi 40 % de la population du globe se partage 5 % du revenu mondial tandis que les 10 % les plus riches en captent 54 %.

On peut comprendre qu’Hydro Québec poursuive l’érection de barrages, malgré l’obligation de vendre ses surplus d’électricité en bas du prix coûtant. L’eau qui coule est perdue à jamais. Mais la forêt sera toujours là advenant le cas où l’économie se mettait à tourner à vitesse grand V. N’y a-t-il une dichotomie entre la volonté des forestiers d’exploiter le parc forestier du Plan Nord et le contexte économique planétaire qui prévaut à l’heure actuelle.

Tant d’indicateurs socio-économiques démontrent que malheureusement l’industrie forestière ne sera plus jamais créatrice de richesse comme elle le fut jadis. Son avenir est loin de présenter des perspectives aussi intéressantes, que celles de l’industrie minière ou que celles de l’aluminium. La décrépitude de l’économie mondiale est là pour longtemps encore et c’est à se demander si ça ne prendra une troisième guerre mondiale pour la relancer.

Des entreprises comme Rona présentent des bilans financiers négatifs depuis des mois à cause de la faible demande en matériaux; le ministre fédéral de l’économie a revisé à la baisse ses prévisions de croissance économique; les journaux et les livres de papier seront, à plus ou moins brève échéance remplacés par des médias et des livres électroniques; avant que ne se bâtissent de nouvelles maisons aux États Unis, il faudra bien que celles qui sont vides soient à nouveau habitées; il ne se passe pas une semaine au cours de laquelle ici comme ailleurs au Canada, il n’y a pas une annonce de centaine de travailleurs mis à pied, la dernière chez Provigo (600); les États Unis, la plus grande économie du monde, n’arrive pas à se sortir du marasme dans lequel elle est embourbée depuis 2008; et comment ne pas s’attarde aux pays de la zone Euro qui se font décoter l’un après l’autre, sauf l’Allemagne, par les agences de cotation parce que leur dette souveraine les a rendus insolvables : Grèce, Portugal, Irlande, Espagne, Italie, même la France. Voilà dans ces pays beaucoup de consommateurs qui n’arrivent même plus à répondre à leurs besoins fondamentaux.

On objectera que la Chine par son boum économique va nous sauver grâce à ses 2 milliards et plus de consommateurs. Mais ne perdons pas de vue que la Chine est le principal créancier des Américains pour la modique somme de 3.7 billions de dollars. Qui aurait cru qu’un pays encore communiste, celui du p’tit Chinois de la sainte enfance vienne, un jour, à la rescousse du pays le plus capitaliste? Lorsque le débiteur est devenu incapable de rembourser sa dette, que peut y faire le créancier? La Chine a commencé à se replier sur elle-même. Si le gouvernement du Québec compte sur la Chine pour développer son Plan Nord, il pourrait avoir de mauvaises surprises.

Je trouve que les promoteurs de la foresterie au Québec réfléchissent en vase clos, ce qui les amène à tenir envers le commun des mortels un discours anachronique et déconnecté de la réalité qui prévaut. Je crains qu’ils visent comme objectif de produire pour ne créer que des surplus d’inventaires comme le fait Hydro Québec qui continue à transformer de magnifiques territoires en énormes réservoirs hydrographiques, détruisant tout sur leur passage. On appelle cela : la fuite en avant.

Et nous du peuple, avec cette tendance naturelle de faire pleinement confiance à celles et ceux que les politiques nomment à des postes décisifs, nous avons déjà oublié la disparition soudaine d’une partie de notre bas de laine (40 milliards) causée par des irresponsables et des incompétents qui dirigeaient la Caisse de dépôt et placement en 2008.

Marcel Lapointe, Saguenay.

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