vendredi 27 janvier 2012

Choisir son camp.

Choisir son camp.

Alors que des langues de politiciens, ancien et actuel, se délient pour appuyer la juste cause, le maire Asselin d’Alma, lui, refuse de prendre position dans le conflit qui oppose STAA à RTA. Pourquoi? Deux raisons invoquées, ce matin, dans le Quotidien de Saguenay. Un : j’ai toujours dit que je ne prendrais pas position. Deux : c’est un baril de poudre. Sottises et balivernes venant de quelqu’un qui n’a pas le courage de se mouiller.

Lors d’une discussion à bâtons rompus, l’opinion publique véritable, quelqu’un a lancé : ‘’ À l’été 2010, quand RTA a manqué d’eau dans ses réservoirs, elle a dû acheter du courant à Hydro-Québec pour faire fonctionner ses usines et protéger les emplois. Aujourd’hui, que la compagnie profite du lockout pour se refaire, c’est un juste retour des choses, n’est-ce pas? ’’ ‘’Oui, mais combien cela a-t-il coûté à RTA en comparaison à ce que ceci lui rapporte présentement?’’, lui a-t-on rétorqué.

Le mythe de « la vache à lait providentielle » que représente Alcan dans la région est tenace. Au cours de cet été sec, RTA a marqué des points quant à son image et sa crédibilité dans l’opinion publique. Un jour, les calculs vont démontrer que RTA y aura trouvé plus que son compte et que sa réputation surfaite de « bon citoyen corporatiste » va en prendre pour son rhume.

Au cours, de la même discussion, quelqu’un y est allé du dicton québécois : ‘’ Tu donnes à manger à un cochon, il va « déféquer» sur ton perron ‘’. Dans l’argumentaire sybillien qu’il nous a servi par la suite, je n’ai jamais pu savoir, de sa part, lequel des deux camps impliqués dans le conflit jouait le sale rôle du « grognard». Mais il y a des chiffres rendus publics qui ne mentent pas.

Ce matin dans le Quotidien, André Harvey, ancien politicien maintenant libre de dire ce qu’il pense, nous rappelle, à juste titre, ce cadeau offert par le gouvernement Charest, il y a huit ans à RTA. Des droits hydro-électriques accordés à la compagnie qui lui font économiser 500 millions de dollars annuellement. Cette énormité qui représente, au bas mot, 4 milliards de dollars aujourd’hui, sans compter les autres bonis accordés à l’aluminerie, avait fait dresser les cheveux sur la tête d’économistes montréalais. Ces derniers avaient trouvé que cette entente allait à l’encontre de la plus élémentaire justice pour l’ensemble des Québécois. Comment leur donner tort, si les économies ainsi engendrées par RTA ne servent en rien à créer des emplois? Les mégawatts vendus en bas du prix coûtant aux alumineries par Hydro-Québec nous seraient plus profitables s’ils étaient offerts aux Américains au prix du marché, dénonçaient-ils.

Depuis le début du conflit, à ma connaissance, pas un article de fond en traitant n’a paru dans le seul quotidien montréalais que je lis. Est-ce vrai aussi pour les autres? Au demeurant, il vaut mieux ne compter que sur nos propres moyens, dans la région pour se dépatouiller avec le lockout. Déjà qu’ici, la division règne quant à savoir qui de RTA ou du STAA a raison et aura le dernier mot. Les multinationales nous lessivent tellement bien le cerveau que je suis persuadé que même si les conditions de travail des gars d’Alcan à Alma s’avéraient être moins que médiocres, il se trouverait encore plein de vassaux et de sbires pour nous déclarer en éditorial : ‘’ Il ne suffit pas qu’un combat soit juste pour le mener’’.

Il existe trois façons pour une multinationale de diminuer sa part des coûts de production reliés aux salaires accordés aux employés. Primo : délocaliser tout simplement toute la production vers des pays où elle peut exploiter à moindre coût la force de travail. Électrolux par exemple. Secundo : délocaliser une partie seulement de la production, de façon à compenser pour les conditions de travail avantageuses octroyées aux travailleuses et travailleurs d’ici. Une compagnie choisit, par exemple, de délocaliser une partie de ses activités au Vietnam. Tertio : la nouvelle mode que tente d’implanter à Alma, RTA : la sous-traitance à grande échelle. Ceux qui dénoncent cette méthode ont suffisamment élaboré sur le sujet depuis le début du lockout, qu’il n’est point nécessaire d’en rajouter. Pascale Pilote ne le dira jamais ouvertement, mais les clients les plus payants pour sa Plaza 1 d’Alma sont les hauts salariés, toutes catégories confondus.

RTA qui opère dans un pays comme le nôtre ne délocalisera jamais. Elle est bien trop gâtée par des avantages qu’elle n’aura jamais dans un pays d’Afrique ou d’Asie. Une main-d’oeuvre compétente et bien formée, une sécurité élevée de ses immobilisations, une faisabilité sociale des projets, un soutien public à la recherche, une productivité élevée grâce à la discipline des travailleurs, des coûts d’affaires faisant l’envie. Sans oublier les bénéfices que retire la compagnie des ressources mises à sa disponibilité par la générosité des gouvernements.

Le beurre et l’argent du beurre!

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Marcel Lapointe,Jonquière.

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