vendredi 13 janvier 2012

L'Islam ou les PUR?

J’ai récemment reçu un courriel, à essaimer, m’invitant à haïr souverainement les musulmans. La missive voulait me convaincre, par un fatras de fadaises paranoïaques, que les Québécois de souche, en recherche constante d’identité, s’ils ne se réveillent pas, allaient, d’ici une vingtaine d’années, se retrouver sous le despotisme d’ayatollahs avec en prime, la charia, pour nous montrer le chemin à suivre. À lire ces idioties, nous serions en train de subir, de façon subtile et sournoise, la déferlance d’une vague de fond musulmane.

L’antidote à l’obscurantisme et aux mauvais jours qui nous guettent que propose l’auteur du courriel : il urge que les Québécois catholiques convaincus se manifestent, les brebis égarées doivent se reconvertir au catholicisme. On nous suggère aussi de suivre l’exemple de droiture et de courage de notre religieux maire à Saguenay, Jean Tremblay. Cet homme valeureux qui ne craint pas de défendre publiquement sa foi ainsi que la prière et la statue du Sacré Cœur à l’Hôtel de ville. En voilà un qui, justement, exacerbe la haine des musulmans, alors que tout au plus, une centaine bien intégrés, vivent en toute cordialité avec nous et pratiquent leur religion, le plus discrètement du monde.

Faire la chasse aux sorcières peut nous distraire des vrais envahisseurs, comme par exemple, les pick-up rutilants (PUR). Quand vous irez au centre d’achat en période d’achalandage, attardez-vous un moment pour apprécier la quantité de ces engins qui déterminent maintenant l’espace de stationnement. Les propriétaires qui ont choisi de les faire rapetisser pour accommoder plus de voitures « normales » ne pouvaient prévoir le coup. Sans compter que ces engins énergivores accélèrent le déclin d’une ressource non renouvelable, le pétrole, et contribuent davantage à la prolifération des gaz à effet de serre.

Selon le MDDEP, le secteur des transports est, à lui seul, responsable de 43 % des émissions polluantes au pays. Québec s’est donné comme objectif de réduire de 20 % des émissions d’ici 2020 par rapport au niveau historique de 1990. Mission impossible si l’insignifiante surtaxe de 40 à 60 dollars imposée aux consommateurs qui s’offrent des PUR à 50 mille dollars pièce n’est pas remplacée par quelque chose, disons, de plus coercitif. Parce que dans le cas des PUR, selon la SAAQ, les ventes ont bondi de 825 % au cours des cinq dernières années. Surréaliste! Le gouvernement octroie aux riches propriétaires de mastodontes énergivores, le droit de polluer, puisqu’il ne fait rien pour les décourager de se les procurer.

La nécessité serait d’appliquer, à l’achat d’une voiture, le principe du « bonus-malus » que d’autres pays mettent en pratique. Ça en découragerait plusieurs de jeter leur dévolu sur ces PUR qu’au demeurant, ils n’utilisent, à toute fin pratique, que pour la promenade. Malus pour les consommateurs qui tiennent absolument à se procurer leurs joujoux polluants et envahissants par l’application d’une surtaxe digne de ce nom; bonus pour les acheteurs de voitures peu énergivores, par une suppression des taxes de vente provenant de l’économie occasionnée grâce au malus.

Si le gouvernement croit vraiment à Kyoto, il ne peut se soustraire encore longtemps à ses responsabilités.

Marcel Lapointe,Jonquière.

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