vendredi 27 janvier 2012

Heureux défit! Pour qui?

À peine a-t-on terminé de lire un article du Quotidien illustrant l’amertume et la désillusion (ajoutons-y, la détresse) des travailleuses et travailleurs mis à la porte du l’usine de Produits Forestiers Résolu de Kénogami, que l’éditorialiste, François Saint-Gelais, rejoint le concert d’élus de tout acabit et de membres de Chambres de commerce, pour apporter son grain de sel à une éventuelle vocation dévolue à la centrale hydroélectrique Jim Gray.

Lancer la serviette ou déposer les armes devant la décision de PFR comme le fait cet aréopage qui salive déjà à l’idée de récupérer pour soi (dans tous les sens du terme), le devenir du barrage, tient, à mes yeux, de l’opportunisme et de la couillonnade. « Les breaks », messieurs-dames! Le barrage Jim Gray peut durer encore une bonne centaine d’années. Et même s’il ne donnait pas, dans l’immédiat, les résultats que vous escomptez chacun dans votre petit coin! Ne pourriez-vous pas laisser aux premiers concernés, les gars et les filles de la machine numéro 6, le temps d’absorber le coup ? Laisser retomber la poussière, pour mieux appréhender l’avenir quant à la production à l’usine Kénogami ?

Où étiez-vous lors de cette marche de solidarité, l’automne dernier dans les rues de Kénogami, au cours de laquelle discoureurs et marcheurs ont appelé de tous leurs vœux à ne pas baisser les bras? Faux de prétendre que cette manifestation n’a eu que pour seul et unique but d’empêcher l’arrêt de la « six ». Elle s’est aussi voulue un message d’espoir et une vision face à l’avenir. D’abord pour les travailleurs et leur usine, aussi pour les générations futures, qu’on veut condamner au retour à des conditions de travail précaires pour le plus grand bien des multinationales. Rendez-vous compte que vous êtes en train de faire leurs jeux!

Vous êtes déjà prêts à passer à autres choses, comme faire venir ici des PME attirées par des mégawatts payés en bas du prix coûtant qui vont, fort probablement, engager du monde au salaire « supraminimum » avec des conditions normatives « infranormes du travail » autant que possible. À qui cela va-t-il rapporter? Faute de pouvoir aller y faire des affaires, importons ici, le tiers-monde. Une peu de fierté quand même, messieurs-dames! Trop occupés que vous êtes à vous accaparer une carcasse encore chaude, vous êtes incapables de flairer le miasme que prépare PRF avec ce qui reste de l’usine Kénogami. À force de fermer des usines de grande ampleur, que vont devenir les commerces qui en dépendent.

Par respect pour la tragédie vécue par les travailleuses et les travailleurs, de grâce, faites preuve d’un peu plus de retenue. Si l’avenir appartient à celles et ceux qui se lèvent tôt, les décisions réfléchies appartiennent à celles et ceux qui prennent le temps de les murir. En attendant, vous pourriez peut-être vous regrouper pour aller jaser avec les principaux concernés.

Marcel Lapointe,Jonquière.

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