Qu’Alcan représente encore la “vache à lait ” de la région est un mythe à déboulonner. Des experts l’on bien démontré, la compagnie reçoit énormément en regard de ce qu’elle donne. Disons-le et redisons-le, Alcan, ici, profite largement des ressources naturelles en plus de bénéficier de généreuses déductions d’impôt, que, soit dit en passant, les gouvernements réduisent sans cesse. La stratégie qu’elle a décidée face au Syndicat des travailleurs de l’aluminium d’Alma (STAA) n’a que pour seul et unique but d’élargir encore plus l’écart entre les « intrants et les extrants ». Cette fois, ce sont les salariés qu’on veut plumer. Plus précisément, leurs descendants.
Depuis les origines du système capitaliste, la méthode de choix des compagnies pour hausser les profits, augmenter la productivité, faire bénéficier actionnaires et pdgx, faire des économies d’échelle, fut d’exploiter, comme un presse-citron, la force de travail et le savoir des travailleurs à leur service. Voilà la raison principale qui a conduit, dans quelque pays que ce fut, les travailleuses et travailleurs à vouloir de s’organiser pour établir un rapport de force et faire reculer les exploitateurs.
La plupart n’a jamais réussi, ou si pauvrement, à faire reconnaitre par convention collective des droits élémentaires face aux injustices et à l’exploitation liées au travail. Pour établir un certain équilibre des forces entre employeurs et salariés, le STAA, constitue le modèle syndical à développer dans les sociétés néolibérales qui se modernisent au détriment de celles et ceux qui veulent gagner décemment leur vie. Si le STAA recule devant Rio-Tinto-Alcan, c’est toute la société ici comme ailleurs qui va en subir les conséquences. Alors, il sera trop tard pour s’indigner.
Quelle est la situation des travailleuses et travailleurs employés par des entreprises qui dépendent de Rio-Tinto-Alcan au Saguenay-Lac-Saint-Jean? Le taux de syndicalisation dans le secteur privé étant inférieur à 30 %, pas besoin d’être grand clerc pour savoir en quoi consistent leurs conditions de travail. Dans cette partie de bras de fer entre le STAA et Rio Tinto-Alcan, si on refuse de voir les vrais enjeux, nous sommes tous perdants à moyen et long termes. Ne surtout pas se laisser endormir par une réputation surfaite de bon citoyen corporatiste que l’on colle trop facilement à l’aluminière.
Nombreux, pétris de naïveté, se laissent prendre au jeu d’adoration du « veau d’or ” face à la stratégie de marketing de la compagnie. Les soins qu’elle porte à son image, en finançant un fonds quelconque ou en commanditant un groupe musical, un festival, un événement sportif, et quoi encore? ont pour but de s’attirer la sympathie de l’opinion publique. Cela est très pratique quand vous avez “lockouté ” 800 travailleurs qui ont cessé de faire rouler une grosse partie de l’économie d’une ville de 40 mille habitants.
Au demeurant, cette générosité est factice, parce que les compagnies peuvent encore la déduire de leurs impôts. On comprend vite alors que c’est le contribuable qui la paie en partie, bien qu’il n’ait rien à dire sur le choix de l’artiste ou de l’événement à supporter.
C’est Jacques Parizeau qui a dit : “Une compagnie au Québec qui paie de l’impôt est une compagnie mal administrée ”. Alcan paie 15 % d’impôt au fédéral, 10 % au provincial. Si en plus vous déduisez les cadeaux accordés en droits hydrauliques et les coûts de la compagnie en soins cosmétiques, je veux bien croire Parizeau.
Le temps, maintenant venu de faire nos impôts, va se charger de nous rappeler le pourcentage que nous, contribuables, versons dans l’assiette fiscale.
Marcel Lapointe,Jonquière.
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