Le Québec a-t-il toujours un avenir dans le Canada? Je fus tentée de
répondre, oui, quand j'ai appris, la semaine dernière, que la Cour suprême du
Canada a rendu un jugement défavorable à la nomination du juge, Marc Nadon à
cette même cour par le premier ministre, Stefen Harper. Monsieur Nadon, qui visait
un des trois sièges réservés au Québec, ne répondait pas à l'obligation
inscrite dans la Constitution canadienne, voulant que les juges québécois soient
les gardiens du droit civil du Québec et de ses valeurs. Le juge Nadon n'est
pas un spécialiste du droit civil québécois.
Mais il y a plus. Dans le même jugement, monsieur Harper s'est fait
rappeler par six des sept juges, dont quatre qu'il a lui-même déjà nommés, que
son gouvernement, n'avait pas l'autorité nécessaire pour modifier
unilatéralement la loi rendant admissible à la plus haute cour un juge acquis à
son idéologie. Que dans pareil cas, l'accord de toutes les provinces était
requis. Quoiqu'en disent celles et ceux qui voient dans le Québec, une province
comme les autres, ce jugement témoigne, hors de tout doute, que la province
francophone possède un statut particulier dans le Canada.
À lui seul ce jugement historique constitue le recul le plus important
pour le gouvernement Harper, qui, depuis qu'il est au pouvoir n'a cessé
d'adopter des lois et d'appliquer des réformes qui ont fait de plus en plus
reculer la démocratie. Par exemple, le projet de loi C-23 visant à priver le
directeur général des élections du droit de s'adresser aux Canadiens pour
parler de démocratie et des valeurs qui soutendent notre système électoral.
Autre exemple, la réforme de l'assurance-emploi pour soi-disant corriger un
grave problème de pénurie de main-d'oeuvre au Canada. Or, le directeur
parlementaire du budget (DPG) est très clair à ce sujet: les pénuries ne sont
que localisées et dans quelques secteurs seulement de l'économie. Plutôt selon
ce dernier, d'un océan à l'autre, c'est d'un manque flagrant d'emplois dont il
s'agit. À preuve, en 2014, un lustre après la crise économique, le taux de
chômage est encore plus élevé, le nombre hebdomadaire d'heures travaillées et
les salaires croient moins vite qu'avant 2008.
Le hic dans tout cela, c'est que le prochain vote électoral au fédéral
aura lieu seulement en 2015 et que le gouvernement Harper, passé maître dans
les pratiques fourbes, aura largement le temps de faire oublier aux électeurs
sa déconvenue devant la Cour suprême. À moins que...
Odette Chicoine, Chicoutimi.
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