mercredi 26 mars 2014

La géométrie variable du vote.

Dans sa dernière chronique, au Quotidien de Saguenay, Myriam Ségal annonçait qu'elle voterait par dépit et par défaut, ronchonnement à la clé, le 7 avril prochain. Trop de sujets qui lui tiennent à coeur sont passés sous silence par les candidats, dit-elle, tous partis politiques confondus:  entre autres, le dédoublement du rapport d'impôt, la taxe sur l'essence, le don d'organes, la multiplication des carrefours giratoires; la question du covoiturage; tiens donc! Surprenant venant d'une climato-sceptique. Même le Conseil du statut de la femme est remis en question par la chroniqueuse.

Un citoyen, lui, l'autre soir aux nouvelles de Radio Canada, recommandait de voter stratégique. C'est-à-dire que, dans les comtés, où les indépendantistes divisent le vote entre péquistes, solidaires et onistes, ces derniers devraient s'unir pour battre le candidat libéral. Par exemple en appuyant tous ensemble le candidat péquiste. Et au diable, le vote selon les convictions!

Mais pour moi ici dans le comté de Jonquière, le vote stratégique ne peut s'appliquer. Je suis sûre à 100% que le candidat péquiste va l'emporter sur le libéral, parce que dans la forteresse péquiste que constitue le Saguenay-Lac-Saint-Jean, il est ministre sortant et apprécié de la population. Mon vote ne faisant qu'apporter un dollar supplémentaire à la caisse du parti de mon choix, je préfère alors voter pour un parti marginal qui a bien plus besoin d'argent.

En fait, je voterai pour le Parti nul s'il présente un candidat dans ma circonscription, parce que cocher nul sur le bulletin de vote signifiera que j'annule mon vote. Le DGEQ pourra, de ce fait, me compter officiellement parmi les électeurs qui sont véritablement allés annuler leur vote. Pour moi ce sera un premier pas pour revendiquer un changement du mode de scrutin: le scrutin proportionnel où l'électeur indépendantiste oniste, par exemple, en votant pour le PQ voterait vraiment stratégique. À l’évidence, mon vote pour le péquiste Sylvain Gaudreault, sans avoir d'impact sur sa propre élection, serait comptabilisé au niveau provincial et ferait élire un plus grand nombre de députés péquistes, ainsi que plus de députés chez les petites formations politiques..

 À la lumière du dernier sondage qui prévoit une cuisante défaite des péquistes, la chef, Pauline Marois, doit regretter qu'un projet de loi pour un scrutin proportionnel en remplacement de l'archaïque vote uninominal à un tour, qu'avait présenté le fondateur du Parti québécois, René Levesque, en 1983, ait été refusé par son conseil des ministres de l'époque. On n'a pas encore entendu madame Marois sur le changement au mode de scrutin au cours de cette campagne et on ne l'entendra pas non plus. Au reste, ce n'est pas dans le programme péquiste, parce que, disent les mauvaises langues, le système actuel a toujours arrangé les deux vieux partis. Pour combien de temps encore?

Pour le plus grand mal de notre démocratie, le désintéressement, chez les jeunes entre autres, est en hausse, selon les sondages. Sans compter les désillusionnés, les cyniques qui ont cessé de croire. Les politiciens qui font preuve, aujourd'hui, de déni et d'aveuglement volontaire face à cet état de choses auront, un jour, à rendre des comptes devant l'histoire


Stéfanie Brassard, Jonquière.

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