vendredi 28 mars 2014

Un levier économique de survie.

Assez cette hypocrisie! Demandons carrément aux Québécois s'ils sont prêts à voir leur compte d'électricité augmenter de cinq, dix, voire plus dans l'avenir pour payer les cadeaux qu'accorde  Hydro-Québec à gauche et à droite. Que d'ailleurs seule une entreprise publique peut oser se permettre parce que ce n'est pas son argent!

Parce qu'Hydro-Québec est en surplus de kilowatts, elle les vend moins cher aux États-Unis que ce qu'il lui en coûte pour les produire. Pour rentabiliser les minicentrales comme Val-Jalbert au Lac-Saint-Jean, Hydro-Québec doit leur acheter leur production électrique plus cher qu'elle ne pourra les revendre. Pour assurer la construction de parcs éoliens, Hydro-Québec aura à leur acheter leurs kilowatts/heure plus cher qu'elle ne les revendra. Une aluminerie comme Alcoa obtiendra d'Hydro, suite à son chantage à la fermeture de ses usines québécoises, un tarif "surpréférentiel". Exemple, bien sûr, que d'autres Alumineries québécoises suivront. Denis Bouchard, dans son dernier éditorial au journal, Le Quotidien, plaide justement pour que notre producteur régional d'aluminium, Rio Tinto Alcan (RTA), obtienne ce même privilège, bien que cette compagnie achète peu d'électricité à Hydro. La compagnie possède ces propres barrages et produit donc son énergie à faible coût, ce qui, déjà, la privilégie, comparé à d'autres industries qui achètent tous leurs kilowatts/heure à Hydro-Québec.

Hydro-Québec, jadis notre fleuron national, n'est plus un levier économique ordinaire On dirait bien qu’elle est devenue le dernier rempart pour sauver ce qu'il nous reste, au Québec, d'une économie poussive. Les pis de la vache à lait s’en viennent usés  jusqu’au sous-derme tellement on les sollicite. En fin de compte, toutes ces contraintes qu'on impose à Hydro, elle nous les refile à nous, consommateurs, aux prises avec des inégalités de revenus sans cesse grandissantes. Prenez, par exemple, la prochaine hausse de tarif d'électricité de près de 5% qui nous sera imposée, peu importe le revenu, peu importe que vous viviez dans une bâtisse écoénergétique ou un logement mal isolé.

Monsieur Bouchard a bien dit qu'ici RTA possède ses propres barrages pour obtenir l'électricité nécessaire à la production de son aluminium: le beurre. Ce qu'il n'a pas dit est qu'en période d'arrêt de production, comme lors d'un lock-out décrété par la compagnie (très commode pour les employeurs à juger les chiffres émis par le registre des lock-out provenant du ministère du Travail), Hydro-Québec est obligée de lui acheter l'électricité qu'elle produit; l'argent du beurre. Payer moins cher à Hydro, comme Alcoa le fera, ce que RTA lui achète, comment devrions-nous qualifier cela?


Marcel Lapointe, Jonquière.

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