Assez cette
hypocrisie! Demandons carrément aux Québécois s'ils sont prêts à voir leur
compte d'électricité augmenter de cinq, dix, voire plus dans l'avenir pour
payer les cadeaux qu'accorde Hydro-Québec à gauche et à droite. Que d'ailleurs seule une
entreprise publique peut oser se permettre parce que ce n'est pas son argent!
Parce
qu'Hydro-Québec est en surplus de kilowatts, elle les vend moins cher aux
États-Unis que ce qu'il lui en coûte pour les produire. Pour rentabiliser les
minicentrales comme Val-Jalbert au Lac-Saint-Jean, Hydro-Québec doit leur
acheter leur production électrique plus cher qu'elle ne pourra les revendre.
Pour assurer la construction de parcs éoliens, Hydro-Québec aura à leur acheter
leurs kilowatts/heure plus cher qu'elle ne les revendra. Une aluminerie comme
Alcoa obtiendra d'Hydro, suite à son chantage à la fermeture de ses usines
québécoises, un tarif "surpréférentiel". Exemple, bien sûr, que
d'autres Alumineries québécoises suivront. Denis Bouchard, dans son dernier
éditorial au journal, Le Quotidien, plaide justement pour que notre producteur
régional d'aluminium, Rio Tinto Alcan (RTA), obtienne ce même privilège, bien
que cette compagnie achète peu d'électricité à Hydro. La compagnie possède ces
propres barrages et produit donc son énergie à faible coût, ce qui, déjà, la
privilégie, comparé à d'autres industries qui achètent tous leurs
kilowatts/heure à Hydro-Québec.
Hydro-Québec,
jadis notre fleuron national, n'est plus un levier économique ordinaire On
dirait bien qu’elle est devenue le dernier rempart pour sauver ce qu'il nous
reste, au Québec, d'une économie poussive. Les pis de la vache à lait s’en
viennent usés jusqu’au sous-derme
tellement on les sollicite. En fin de compte, toutes ces contraintes qu'on
impose à Hydro, elle nous les refile à nous, consommateurs, aux prises avec des
inégalités de revenus sans cesse grandissantes. Prenez, par exemple, la
prochaine hausse de tarif d'électricité de près de 5% qui nous sera imposée,
peu importe le revenu, peu importe que vous viviez dans une bâtisse
écoénergétique ou un logement mal isolé.
Monsieur
Bouchard a bien dit qu'ici RTA possède ses propres barrages pour obtenir
l'électricité nécessaire à la production de son aluminium: le beurre. Ce qu'il
n'a pas dit est qu'en période d'arrêt de production, comme lors d'un lock-out
décrété par la compagnie (très commode pour les employeurs à juger les chiffres
émis par le registre des lock-out provenant du ministère du Travail),
Hydro-Québec est obligée de lui acheter l'électricité qu'elle produit; l'argent
du beurre. Payer moins cher à Hydro, comme Alcoa le fera, ce que RTA lui
achète, comment devrions-nous qualifier cela?
Marcel
Lapointe, Jonquière.
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