mardi 28 février 2012

Gare aux imprécateurs.

Il semble toujours y avoir un capitaine à bord du STAA ; bien que le commandant ait quitté le navire pour quelque temps en prenant le bâton du pèlerin pour aller glaner, ici et là, des appuis à sa cause à travers la planète. Faut dire que l’équipée du navire amiral STAA entreprise, il y a déjà plusieurs mois, pour défendre le droit à des conditions de vie décentes n’est en rien comparable à une croisière autour du monde.

Elle arrive à point nommé dans le Quotidien d’aujourd’hui, cette mise au point du chef syndical, Jean-Guy Lavoie, pour contrer les assauts des mauvais augures de toutes sortes. Monsieur Lavoie a été, on ne peut plus clair : ‘’Les gars sont plus déterminés que jamais à mener la bataille jusqu’au bout ’’.

Huit semaines après le déclenchement du lockout, alors qu’aucun signe de reprise de la négociation n’apparaît à l’horizon dans un conflit de l’envergure de celui de STAA-Rio Tinto Alcan, l’entrée en scène, un jour ou l’autre, des cassandres, prophètes de malheur, gérants d’estrade à l’imprécation facile, était à prévoir.

Dénigrement du président du syndicat, mise en doute du jugement des syndiqués, scénarios du pire, tentatives d’opposer ceux qui gagnent bien leur vie à ceux qui se font exploiter, menaces de délocaliser la production, de fermeture, remise en question de projets futurs, accusations non fondées de sabotage, appuis moraux conditionnels et ambivalents genre : ‘’Votre cause est noble, j’admire votre foi, mais vous allez droit dans le mur en entrainant toute une région avec vous’’. Pathétique ! Tout y passe pour affaiblir celui des deux belligérants qui, selon la logique des bien-pensants, dépositaires de la vérité en matière d’ordre mondial des choses, devra, à un moment donné, déposer les armes et rentrer gentiment dans le rang, la queue entre les deux fesses.

Inimaginable, qu’un jour, une poignée de travailleurs dans un coin méconnu de la planète décident de se tenir debout devant un mégagéant industriel qui a toujours fait ramper à ses pieds l’adversaire, quel qu’il soit! Inimaginable qu’un jour, une poignée de citoyens de la terre aux conditions de vie enviables se lèvent devant Goliath pour lui dire : ‘’Non ! Ce n’est pas vrai que nos filles et nos fils de même que leurs descendants vont se retrouver dans une situation socio-économique inférieure à la nôtre après notre départ ’’. Inimaginable qu’une poignée de syndiqués, dans un monde où le droit et les conditions de travail reculent sans cesse, quitte à voir leurs chèques de paie leur être retirés le temps qu’il faudra, fassent preuve d’abnégation, en laissant de côté la défense de leurs intérêts propres au profit de ceux d’une collectivité.

Des porteurs d’opinion, des éditorialistes, un ancien permanent syndical et bien sûr, des patrons : tous ces imprécateurs remettent au goût du jour les arguments éculés, la vieille cassette entendus ad nauseam lors de conflits antérieurs majeurs. On a qu’à penser aux bras de fer opposant les travailleuses et travailleurs du secteur public et le gouvernement. Rien n’est ménagé pour influencer l’opinion publique dans une tentative de briser la cohésion et la solidarité des travailleurs, de créer la discorde dans les rangs syndicaux pour forcer ces derniers à abdiquer devant la multinationale.

On ne le dira jamais assez : ‘’Si tu échappes la bataille de l’opinion publique, tes chances de sortir vainqueur d’un conflit patronal-syndical sont amoindries’’.

Marcel Lapointe,Jonquière.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire