mardi 21 février 2012

Retour aux sources.

En matière d’éducation, on a jeté par-dessus bord trop de fondements qui s’identifiaient à la « vieille école », celle d’avant la réforme Parent dans les années 60. Les vieux baby-boomers s’en souviennent. On n’a pas tout balancé d’un seul coup, mais on a, au fil des ans, travesti, sabré dans l’essentiel. À commencer par la disparition de la septième année, sorte de propédeutique avant le secondaire. Subtilement, progressivement, évitant ainsi les risques d’un abrupt dérapage, on a remplacé les contenus, au nom de la… modernité.

Le français avec ses dictées, ses concours d’épellation, ses lectures et compositions obligatoires. Veux, veux pas, avec ça, on avait le nécessaire pour entrer au classique ou au scientifique. À la vieille école, on faisait de l’arithmétique, branche primaire des maths, pour apprendre à diviser, multiplier à la mitaine. La table des multiplications au dos du cahier-Canada : cela vous rappelle quelque chose? Le p’tit catchisme, la bienséance, la géographie, le dessin du vendredi, les sciences naturelles, l’histoire venaient compléter un curriculum substantiel nécessitant davantage que 245 jours de vraies classes par année.

L’entrée en vigueur d’une demi-année d’anglais intensif va réduire à cinq ans et demi le temps alloué au curriculum actuel du primaire. Seuls les plus doués réussiront à faire des maths, des sciences, de l’histoire, de la géo, en anglais. Qui pense réussir l’exploit de consolider le français de nos jeunes au moyen de l’anglais?

Aujourd’hui, on veut compenser les lacunes par la fuite en avant. Faire faire aux petits de CPE et de maternelle des apprentissages par nature impartis aux plus grands, coupant d’autant dans le ludisme qui leur est essentiel. Identique à extirper un fœtus de son incubateur naturel avant le terme.

Une piste envisageable : faire davantage de place à l’essentiel en obligeant l’élève à combler ses besoins particuliers hors de l’école? Au moyen de la toile, l’immersion, les aires réservées aux expressions artistique et sportive?

Une réforme scolaire progressiste est impensable si les spécialistes et penseurs en éducation travaillent sous la gouverne de politiques éphémères qui en ignorent les enjeux fondamentaux. En éducation comme dans d’autres domaines, il faut faire confiance à celles et ceux qui peuvent distinguer les besoins fondamentaux des contingences utilitaires.

La promiscuité du fonctionnaire et du politique conduit trop souvent à des décisions nuisibles à la préparation d’un citoyen à part entière. Si l’indépendance est nécessaire au magistrat pour juger consciencieusement, il en va tout autant des réformateurs en éducation

L’avenir de nos jeunes n’a pas à souffrir d’aberrations issues d’intérêts trop souvent divergents.

Élisabeth Proulx, Lac-Saint-Jean-Est.

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