Jim Flaherty, le ministre canadien des Finances a, au cours des derniers mois, multiplié les avertissements aux Canadiens insouciants face à leur endettement. Le taux moyen dépasse les 150 % du salaire brut. Par exemple, un couple dont le salaire brut est de 120,000 $, si on le situe dans la moyenne, a une dette de 180,000 $. Ceci exclut l’hypothèque.
Notre ministre s’est vu même obligé de réglementer de façon plus serrée pour restreindre l’accès à la propriété aux Canadiens incapables de s’autodiscipliner. En tant que propagandiste de saines pratiques économiques et financières à longue vue, il incite les Canadiens à mettre de l’argent de côté pour leurs vieux jours. Bravo, monsieur le ministre, pour de si prodigues attentions à notre égard! Cependant, j’ai eu beau retourner la question dans tous les sens, je n’arrive pas à comprendre pourquoi les beaux discours, les avertissements et les démarches de monsieur Flaherty ne s’appliquent à son propre gouvernement. Je m’explique.
J’ai acheté un « char » neuf en 2000, que j’utilise environ sept mois par année depuis. À date, 80 mille kilos, pas de rouille, ni bosses, encore rutillante. Faut dire que j’en ai pris soin comme de la prunelle de mes yeux. Si bien, que régulièrement des passants me font des offres. En outre, qui oserait venir me conseiller de me départir de mon char, parce que soi-disant, il aurait atteint, je ne sais, à partir de quel critère, le terme de sa vie utile? Un politicien probablement! Les intérêts des politiciens n’ont souvent rien à voir avec certaines valeurs fondamentales à prôner comme : la bonne gestion des finances personnelles, la pratique du transport en commun, la lutte à la consommation frivole et au gaspillage.
À cette étape, le lecteur averti commence à me voir venir. Stephen Harper, à ce que je sache, est censé partager les préoccupations économiques de son ministre des Finances. Mais, il tient absolument à s’acheter de nouveaux avions de guerre, prétextant que ceux qu’il possède sont passés date. Argument d’ado fûté jamais repu, probablement fondé sur des critères que l’armée ne « v…peut » divulguer, par crainte que des informations « top secret » ne tombent entre les mains de méchants Talibans ou d’autres engeances de même eau. L’échappatoire classique pour étouffer toute velléité de débat.
Les avions de chasse canadiens, que nous avons depuis à peine 30 ans, les CF18, ont accompli combien de missions sur la planète? En Libye, à ce que je sache, personne ne s’est plaint de leur désuétude ; aucun n’est demeuré cloué au sol parce que défectueux. Comment pourrait-il en être autrement, à voir la façon dont les militaires de la base de Bagotville en prennent soin? J’ai même honte envers ma propre Camaro 2000. En outre, avez-vous entendu dire qu’un des CF18 assignés en Libye s’est écrasé? Pour emprunter une expression bien à nous : « Ils ont fait la job ».
Les autres missions, je les compte sur les doigts d’une main. Je parle, ici, de vraies missions. Guerrières, destructrices, basées sur le concept de l’attaque chirurgicale : un minimum de dommages collatéraux. Le Kosovo peut-être? L’Irak, mais très peu. En connaissez-vous d’autres? Même pas en Afghanistan. Le reste des heures de vol l’a été pour des pratiques, c’est tout.
Harper nous dit que les 65 nouveaux chasseurs qu’il convoite (à moins de se rabattre sur l’achat de drones, plus économiques parce que sans pilote), nous coûteront 75 millions l’unité, pour la somme totale de 16 milliards, incluant l’entretien.
Dans tout projet mégalomane, le coût final est, de loin, supérieur au coût initial. C’est ce que vient, d’ailleurs, de confirmer le candidat défait aux dernières élections à la présidence des États Unis, John Mc Cain, lui-même un expert en affaires militaires. Ce dernier parle de 110 millions l’unité, ce qui ferait grimper la facture à plus de, tenez-vous bien ! 70 milliards. Le prix de départ d’une île grecque, bientôt mise aux enchères pour sauver le pays de la faillite.
À quelques jets de pierre de la base militaire de Bagotville, au journal Le Quotidien de Saguenay, l’éditorialiste François Saint-Gelais, avance, quoique timidement, dans son dernier papier, la suggestion d’allonger la durée de vie des CF18 via un programme de modernisation. J’appuie entièrement son idée. Dans un tel cas, les milliards économisés pourraient être investis dans le « Bien Commun ».
Marcel Lapointe,Jonquière.
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