Dans une opinion livrée, récemment au Quotidien par Réjean Simard, ancien maire de La Baie, la base de raisonnement qui l’a décidé à voter Saguenay plutôt que Chicoutimi en 2002 compte deux arguments : l’un démographique, l’autre historique.
Son argument démographique : la fusion se voulant une nouvelle entité dans laquelle aucune des villes impliquées avait une majorité absolue de citoyens, un nouveau nom s’imposait. Dans un processus de fusion, selon monsieur Simard, une ville est qualifiée de la plus importante si sa population a la majorité absolue. Chicoutimi était, certes, la plus populeuse, mais n’ayant pas cette majorité, elle n’a pas trouvé grâce à ses yeux. Lui, avait bien compris l’enjeu. Lors de la fusion des villes de Jonquière, Arvida, Kénogami et Saint-jean-Eudes, Jonquière n’avait pas, selon moi, cette majorité absolue, mais le nom retenu fut, Jonquière.
Au plan historique, il semble y avoir autant de vérités qu’il y a d’auteurs qui se sont penchés sur l’histoire de la région. Des scénarios de Fabienne Larouche, auteure de la série « 30 vies » à Radio-Canada, le montrent. Dans cette émission, j’ai appris sur Madeleine de Verchère et Dollar Des Ormeaux, des choses différentes de celles que l’on m’a enseignées à l’école. Dans la capsule historique de monsieur Simard, donne une priorité absolue à la rivière Saguenay. Pas un mot sur la première ville établie sur ses rives. C’est, bien sûr, son droit.
Chicoutimi, au 19ème siècle, était entourée de forêts, de champs, d’eau, parsemés de bourgs ici et là. La charismatique et renommée « Reine du Nord » fut citée même par le Roi de France. L’historienne, Russel-Aurore Bouchard, dans son dernier ouvrage, a trouvé la poésie juste pour attendrir les cœurs les plus hostiles ? « Placée en amphithéâtre et en bordure de la rivière Saguenay, Chicoutimi s’étalait en orgueil et était devenue, au milieu du 19ème siècle, le mémorial de l’histoire du Saguenay, le cœur d’un royaume en gestation ». Plus près de nous, en 2002, Chicoutimi, le cœur du Saguenay, est la plus populeuse, la plus connue et la plus médiatisée dans le monde, des villes du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Appréciant froidement la question, j’ai voté Chicoutimi, en 2002. Peut-être était-ce dû à ma condition de néosaguenéen par définition, non originaire d’ici, plus neutre et objectif. On aurait dû ne permettre qu’aux Néosaguenéens de voter lors de la consultation populaire, de façon à soustraire du vote, les artéfacts émotifs tels que la douce vengeance et l’esprit de clocher. On ne se retrouverait pas, aujourd’hui, aux prises avec une aberration, que je n’arrive pas encore à admettre ; même si on m’invite à oublier le passé pour regarder vers l’avenir. Aberration consistant à être devenu citoyen d’une ville appelée Saguenay, située sur le bord de la rivière Saguenay, dans une région nommée, Saguenay-Lac-Saint-Jean, contiguë d’un comté appelé Saguenay, dans lequel existe un petit village du Bas-Saguenay appelé Petit-Saguenay. Certains, qui en ont ras-le-bol du débat, nous suggèrent d’oublier et de regarder vers l’avenir.
En souhaitant que la prophétie de l’antropologue, Serges Bouchard, voulant qu’un juste retour des choses permette que justice soit rendue au nom Chicoutimi, il faut le garder vivant. Le nom d’un arrondissement d’une ville est une insulte à l’intelligence. Russel-Aurore Bouchard a suggéré, dernièrement, que l’on donne à la route 175 le nom de « Route Chicoutimi » pour nous remémorer le fait que cette dernière fut le passage qui reliait jadis, le Saint-Laurent au Lac Saint-Jean.
Monsieur Simard, allez-vous appuyer l’historienne ?
Marcel Lapointe, Jonquière.
Je ne peux donner mon opinion sur cet article. Je manquerais surement d'objectivité n'étant pas originaire de la région.
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