Madame Dominique Savard.
Votre éditorial dans le Courrier du Saguenay du 19 octobre dernier m’a scié. Il est rempli de faussetés en plus d’être aussi populiste que les propos de ceux-là mêmes que vous dénoncez.
Vous prétendez que la situation du cégep n’a jamais été revue. Les cégeps ont subi une réforme majeure dans les années 90. La formation générale a été revue de fond en combles. Les heures dévolues aux cours français ont été augmentées de même que l’ajout de cours d’anglais obligatoires. Par la même occasion, les cours de philosophie et d’éducation physique ont été amputés de plusieurs heures. Le programme de sciences pures qui se nomme maintenant sciences de la nature a été complètement revisé. Il en est de même pour d’autres programmes préuniversitaires tels que les sciences humaines.
Vous soutenez aussi que quelques programmes techniques seulement ont été revus, alors que tous les programmes qui sont dispensés au cégep où j’ai travaillé ont été révisés au cours des dernières années. Ces programmes existent dans beaucoup d’autres cégeps. Les révisions de programme sont de niveau provincial. Plusieurs en sont à leur troisième même leur quatrième révision depuis qu’ils existent. Vous dites qu’il faut moderniser l’éducation. Qu’est-ce qu’adapter les programmes techniques à la réalité du monde du travail si ce n’est pas les moderniser ?
En passant, le programme d’aéronautique est un programme provincial, c'est-à-dire que la très grande majorité des futurs pilotes qu’on y forme provient de l’extérieur de la région. C’est l’exception qui œuvre ici au Saguenay-Lac-Saint-Jean après leur formation. Vous avez bien mal choisi votre exemple pour parler de programmes ici qui permettent de contrer l’exode des jeunes.
Vous dites que ceux qui prônent l’abolition des cégeps et des commissions scolaires devront nous dire comment ils entendent les remplacer. Mais, ils l’ont dit. Qu’est-ce que vous voulez qu’ils nous disent de plus? D’ailleurs, vous-même y faites référence : remplacer le collégial par une sixième année au secondaire et une année de plus à l’université; confier les activités du secondaire aux écoles et aux parents en remplacement des commissions scolaires. Au demeurant, du réchauffé.
Les tenants du néolibéralisme comme François Legault veulent faire disparaître les cégeps pour réduire le rôle de l’État. Créer ici deux collèges d’enseignement préuniversitaire et deux autres pour l’enseignement technique, qui ne seraient plus des collèges d’enseignement général et professionnel comme vous le suggérez, ne serait pas économique. Ce ne sont pas les programmes préuniversitaires qui coûtent le plus cher à l’État. Les programmes techniques, à cause notamment des équipements de laboratoires à renouveler et des stages en milieu de travail sont, de loin, plus onéreux à entretenir. En outre, vous prônez sans le savoir, sinon dites-le franchement, le retour à système d’éducation dépassé qui a eu cours au Québec jusque dans les années 60 et que la Commission Parent a fait abolir.
Certains de vos arguments sont racoleurs et démagogues. Je m’explique. Selon vous, des politiciens n’ont pas tout à fait tort de prendre en grippe le monde scolaire; il faut donner un coup de barre à tous les niveaux du cheminement scolaire; les dénigreurs ont raison de dire que les cégeps sont une création purement québécoise; qu’il faut leur resserrer la vis. Salles d’attente et havres de paix en devenir prétendez-vous. Là vous n’êtes pas loin d’utiliser les mêmes préjugés que Legault.
Si notre système d’éducation est dans l’état de délabrement que l’on connaît présentement, c’est à cause des coupes budgétaires en ressources humaines et matérielles de toutes sortes que le gouvernement, obsédé par la décote des sacro-saintes agences de Wall Street, lui fait subir depuis plus de trente ans. Et comme si ce n’était pas suffisant, il en rajoute avec de nouvelles compressions imposées aux cégeps et aux commissions scolaires.
Quand on veut tuer son chien, on prétexte qu’il a la rage.
Marcel Lapointe, Jonquière.
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