samedi 1 octobre 2011

Saguenay souffre en silence


L’absence de débat va de pair avec l’absence d’opposition à l’Hôtel de Ville. Jean Tremblay l’a dit : ‘’Il n’y a d’opposition à Saguenay et c’est bien ainsi ’’. Cela laisse aux décideurs toute la marge de manœuvre pour agir à leur guise. Le choix sans « appel d’offres » de Louis Coulombe, avocat, ami, confident et organisateur politique du maire Tremblay, à titre de gardien de l’éthique à Saguenay, est le tout dernier exemple de sa façon de diriger la ville.

À mon avis, Il y a là, à sa face même, un accroc à l’éthique. Le maire de Saguenay s’est refusé à former un comité de sélection pour décider du commissaire à l’éthique à engager. Serait-ce qu’il ne digère toujours pas le dérapage de celui qu’il avait lui-même composé pour lui faire choisir la firme d’évaluation foncière qu’il voulait?

Une chose que je vais faire : suivre à la trace le travail de ce pseudo-expert parachuté; il devra livrer la marchandise. Au salaire de 150 mille piastres par année plus les frais, que nous allons lui payer, il devra se montrer plus qu’à la hauteur. Sa définition de tâche et ses critères d’embauche n’ayant jamais été rendus publics. En l’occurrence, il devra faire preuve d’indépendance envers le pouvoir qui sied à l’Hôtel de Ville. Comment pourra-t-il en être ainsi, étant donné ses états de service auprès de Jean Tremblay?

La preuve n’est plus à faire, que l’absence d’opposition permette aux dirigeants que l’on place au pouvoir de nommer leurs amis chers à des postes stratégiques ou à des postes « cadeaux » en guise de remerciement pour services rendus. Pensons à Josée Verner et à Larry Smith nommés au Sénat, leur deuil de la politique active à peine entamé.

 Je fus témoin et complice malgré moi de l’absence d’opposition à l’Hôtel de Ville de Saguenay, lors de la séance du conseil municipal du 2 mai dernier. Séance au cours de laquelle, la sempiternelle complainte du contribuable qui trouve navrant de voir nos conseillers municipaux se murer dans un silence complice durant les réunions, sous peine d’être admonestés par le maire, fut presque mise en doute à mes yeux.

Il y eut deux incidents à cette réunion, témoignant de la façon dont le maire traite l’opposition. D’abord cette nomination partisane du commissaire à l’éthique dont j’ai parlé plus haut. Dans ce cas, il serait plus juste de dire que le maire a profité de l’absence d’opposition pour la rendre publique. Une p’tite vite comme ça en passant, le soir de l’élection fédérale et devant vingt personnes environ; journalistes et caméramans inclus. Personne n’est intervenu pour chercher à en savoir plus long sur la nomination par le maire de son « aaaaami » : maître Coulombe.

Petite parenthèse, au rythme où vont les choses, les gens des médias seront, un jour, plus nombreux que les contribuables eux-mêmes à assister aux séances du conseil. Si rien ne change, le maire va finir par faire face au dilemme suivant : abolir les conseils municipaux publics, ou engager des « mercenaires » qui feront acte de présence afin de ménager le simulacre de démocratie qui s’y déroule.

Mais le clou de la soirée est survenu quand le maire a cloué le bec de la conseillère, Marina Larouche. Cette dernière avait osé donner son opinion sur la manière dont Promotion Saguenay subventionne des projets aux quatre coins de Saguenay. Après qu’une intervenante soit venue dire au micro que Chicoutimi était plus gâté que La Baie par Promotion Saguenay, la conseillère Larouche n’a pu s’empêcher de contredire cette dernière. Et là le maire, du haut de sa prestance de premier magistrat, l’a enjoint d’un ton menaçant, visant à étouffer ne serait-ce qu’un embryon de débat : ‘’Mais madame Larouche, expliquez-vous’’. Celle-ci s’est excusée sans plus. Dans la salle, sidérés par cette attitude, on ne peut plus paternaliste du maire, nous sommes demeurés bouche bée. C’eut été l’occasion d’avoir un débat sur les choix et les procédés de Promotion Saguenay, car après tout, c’est l’argent des contribuables qui fait marcher cette « patente ». Hélas! le maire en a décidé autrement.

Bien que  Régis Labeaume soit le chef de file des maires « cowboy » au Québec, l’opposition face à son intention de faire adopter une loi « cadenas » pour contrer toute contestation devant les tribunaux de son projet de construction d’amphithéâtre par des citoyens donne maintenant lieu à un débat à l’Assemblée nationale. Voilà une bonne leçon de démocratie pour les maires au penchant trop prononcé pour l’autocratie.

Ici à Saguenay, des citoyens contestent par une pétition le projet patrimonial développé à Arvida. Le conseiller, Carl Dufour, porteur du projet, s’étonne que les principaux concernés ne soient pas bien au fait de ses tenants et aboutissants et veulent connaître ses répercussions; il avoue, du même souffle, qu’ils doivent être mieux informés. Si la consultation de la population pour ce projet a suivi le même tracé que celui du choix du commissaire à l’éthique, c’est à dire : pas de consultation, nous vous informerons, les décisions prises, monsieur Dufour ne devrait pas s’étonner qu’une pétition, remettant en question le projet, chemine présentement.

Pendant que les yeux sont tournés sur le printemps arabe qui se déroule outre-mer, nous regardons, en silence et dans l’indifférence la plus totale, se poser les jalons conduisant, bon an mal an, à ce que les peuples tunisien et égyptien ont décidé d’évacuer pour toujours.

Fabulation, cela n’arrive qu’aux autres!

Marcel Lapointe, Saguenay.

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