Deux articles sont parus, récemment dans le Quotidien, portant sur le dernier rapport de la Vérificatrice générale de Ville Saguenay. Dans celui du mardi 4 octobre, la Vérificatrice fait état d’un certain nombre de carences gestionnaires. La politique d’approvisionnement n’est pas, selon elle, conforme aux exigences de la nouvelle législation. Dans lequel cas, des soumissionnaires peuvent communiquer avec les membres des comités de sélection afin de truquer des offres, recourir à l’intimidation si nécessaire. Trucage, intimidation, ces mots sonnent à mes oreilles comme, collusion, corruption; des mots souvent sur les lèvres de beaucoup de monde par les temps qui courent.
Toujours selon le même rapport, Ville Saguenay fait affaire avec des fournisseurs qui nous offrent des services et des biens de mauvaise qualité. L’asphalte de nos rues truffées de craques, de trous, de bosses, d’ornières serait-il en cause? D’un côté, le citoyen sauve de l’argent, ici à Saguenay, par le biais d’un compte de taxes moins vorace qu’ailleurs au Québec, dont se targue le maire chaque fois qu’il en a l’occasion. De l’autre, il paie et repaie constamment parce que les biens et services sont de piètre qualité. Si nous sommes en train de sauver sur les taxes municipales pour payer bien trop chers des biens et services que nous consommons à Saguenay, à qui cela sert-il? Une éventuelle enquête publique, tous azimuts, sur la collusion et la corruption pourra peut-être nous en révéler davantage.
Il ressort aussi du rapport de la Vérificatrice qu’il n’existe pas, à Saguenay, de politique officielle sur les contrats octroyés, que les pratiques sur le terrain ne sont pas uniformes, que les analyses d’information ne sont pas standardisées. Il est, en outre, mentionné que les analyses de prix concernant les soumissions liées à des projets manquent de rigueur pour juger du juste prix de celles-ci. On y parle, de plus, de lacunes concernant l’approbation du gonflement des prix de certains contrats par des décideurs. Par exemple, une quinzaine de projets en 2010 ont présenté un écart de 15 %, certains allant même jusqu’à 20%, par rapport au montant initial. La question du gonflement des prix des contrats publics constitue un autre important irritant au sujet duquel la population québécoise demande une enquête publique. Manifestement, la Vérificatrice n’est pas tendre à l’endroit des élus en ce qui a trait à certaines façons utilisées ou laissées de côté pour administrer nos taxes.
Sibyllin, le deuxième article, du même journaliste, paru le lendemain, atténue les propos réprobateurs de la Vérificatrice à l’endroit de Saguenay sur sa façon laxiste de gérer ses budgets. Elle-même, d’ailleurs, admet que son rapport peut porter à confusion. L’article nous dit que la majorité des recommandations sur les appels d’offres visant le respect de la loi sur les approvisionnements faites par la Vérificatrice est réalisée. Lesquelles? Mais, on apprend que la recommandation pour écarter les bas soumissionnaires fournisseurs de biens et services médiocres pourrait ne pas voir le jour avant le 31 décembre 2112. Combien le recours à ces fournisseurs nous coûtera-t-il encore, en plus de ce qu’il nous a déjà coûté?
Ce qui m’amène à soulever la problématique de l’indépendance des médias face aux pouvoirs publics. Les médias ne pourraient vivre sans les contrats de publicité de toutes sortes. Cette semaine, une pleine page de publicité a été achetée par Saguenay à au moins deux journaux pour vanter ses dernières réalisations. Je ne suis pas le seul à penser que ce commerce entre Saguenay et les médias les contraint au “low profil” quand vient le temps de critiquer certaines décisions que prennent les élus, ou les déclarations intempestives du maire. Pour ce qui est d’enquêter sur les sommes attribuées à certains contrats accordés à des entrepreneurs, ou de remettre en question certains projets perçus comme non pertinents par des groupes de citoyens, oublions cela. Il y a même une station radio, ici, qui a vendu son âme au diable. Ou au Bon Dieu; c’est selon.
Les médias n’ont pas les coudées franches pour remplir pleinement leur mandat d’informer adéquatement le public. Des médias indépendants, trop peu nombreux de nos jours comme, le Devoir et la radio de Radio Canada, n’ont pas à vivre les contraintes de la plupart des médias du Québec pour qui l’apport de fric par le biais de la pub est vital. Une chance!
En l’occurrence, y a-t-il eu des pressions provenant de quelque pouvoir occulte visant à forcer le Quotidien à réécrire une partie de l’histoire afin de présenter le rapport de la Vérificatrice sous un meilleur jour? Un code d’éthique pour bientôt! Saguenay est obligé d’adopter un code de déontologie visant à encadrer les actions des élus municipaux. Cela suffira-t-il, surtout si un ami est chargé de le faire appliquer.
Marcel Lapointe.
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