dimanche 30 octobre 2011

Le premier responsable.

Un électrochoc aux Verts, titrait dernièrement un article du Quotidien de Saguenay. Je n’ai pas senti passer le courant. L’hydrobiologiste Christian Lévêque, invité par l’Association des producteurs forestiers du Saguenay-Lac-Saint-Jean, y présente des arguments fort discutables qui discréditent l’idéologie écologiste. Cela ressemble à un réquisitoire visant à redorer le blason des compagnies forestières.

Le scientifique questionne les dogmes des écologistes qui prônent la reconstitution des écosystèmes tels qu’ils étaient avant leur destruction par l’activité humaine. Selon monsieur Lévêque, l’homme doit utiliser les ressources que lui offre la planète pour subsister. Bien sûr! mais dans le respect des autres espèces et de ce qui les entoure. Il rappelle que, de tout temps, la planète a été modifiée par des événements hasardeux importants, citant en exemples des cas isolés de changements en Afrique : le lac Chad presque disparu, une forêt ancestrale réapparue après une absence de 18,000 ans, sans intervention humaine. Mais il n’a pas parlé de l’envahissement du même continent par les déserts. Il va jusqu’à dire que la disparition accélérée de la forêt amazonienne est le fruit d’éléments naturels et du hasard. Mais il est silencieux au sujet de l’exploitation carrément irresponsable que les hommes y pratiquent. Il y a un nom pour ce type d’intervention : désinformation.

Pour monsieur Lévêque, trois facteurs causent la perturbation et la destruction de nos forêts : le hasard, les éléments naturels et… l’influence de l’homme. Ça paraît que monsieur Lévêque ne vivait pas au Québec au temps, pas si lointain, où les compagnies forestières saccagaient sans vergogne notre patrimoine forestier. Le documentaire « L’erreur boréale » de Richard Desjardins nous fait réaliser que ce qui s’est passé ici en matière d’exploitation forestière au cours du siècle dernier est diamétralement opposé à ce qu’ont réalisé les Européens, les Scandinaves en particulier, en matière de développement durable des forêts.

Je doute, comme le prétend monsieur Lévêque, que ceux qui s’opposent à la protection des milieux humides le fassent en raison des problèmes que génèrent ces milieux : production de méthane, problèmes de santé. Ici au Québec, quand on entend parler de litiges concernant un marais, il s’agit généralement de conflits entre des groupes de citoyens qui veulent les préserver au détriment de promoteurs immobiliers qui veulent les faire disparaître pour construire à la place, des condos de luxe. On attribue au remplacement des milieux humides par des constructions une partie des inondations importantes en Montérégie au printemps dernier. Si ces milieux humides s’étaient trouvés, à cette occasion, le long de la rivière Richelieu, leur capacité à absorber les surplus d’eau aurait minimisé l’impact des inondations.

Si les milieux humides sont des producteurs importants de gaz à effet de serre par le méthane qu’ils génèrent, que penser de la quantité produite par les humains qui ont triplé en nombre au cours des cinquante dernières années? L’homme n’a qu’une certaine influence dans les désastres écologiques? Un simple élément parmi d’autres tels les feux de forêts, les épidémies, les hasards? Le scientifique avance que, de tout temps, la terre a été modifiée par des événements importants. Mais depuis que le monde existe, quand s’est-il produit un événement aussi « exponentiel » que le triplement des humains sur la planète en si peu de temps?

Personne, aujourd’hui, n’ira jusqu’à croire que les scientifiques sont neutres; au-dessus de la mêlée. Seulement, banaliser l’impact d’une activité humaine multipliée par trois en un demi-siècle comme le fait Christian Lévêque, relève d’une mauvaise foi manifeste.

Marcel Lapointe, Saguenay.

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