mercredi 21 décembre 2011

La gageure du président

Ce matin, Éric Dufour, président de la Chambre de commerce de Saguenay, a fait une déclaration solennelle dans le Quotidien. ‘’ Nous prenons la gageure qu’il va se créer des emplois avec les investissements que Rio-Tinto va réaliser à Alma ’’. Mais, monsieur Dufour, personne n’a encore dit le contraire, à ce que je sache. Cela revient à gager en disant : ‘’Pile, je gagne et face, tu perds ’’. La question n’est pas de savoir si un éventuel investissement de RTA à Alma va créer des emplois. On n’est pas encore rendu à engager des robots pour faire de la sous-traitance à dans l’usine. Le « septième ciel » d’une multinationale serait de pouvoir engager des robots dans ses usines du nord, tout en exploitant des travailleurs dans celles du sud.

Non, la question est de savoir de quoi seront faits ces emplois ici au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Des emplois de qualité à valeur ajoutée, ou des emplois sous-payés, sans conditions normatives autres que celles prévues à la loi. La région vient de perdre 150 emplois de qualité à Kénogami, sans compter tous les autres à La Baie, à Arvida, à Dolbeau; pour ne mentionner que ces villes. Monsieur Dufour, militant que vous êtes soudainement devenu, prêt à partager la rue avec les travailleurs, votre situation devrait vous amener à partager une vision globale de la situation de l’emploi dans la région. À faire des liens entre différents enjeux auxquels nous sommes confrontés.

Ne trouvez-vous pas que l’hémorragie a assez duré? En y songeant bien, en même temps que pour une nouvelle convention collective, ce pour quoi les syndiqués d’Alma se battent, c’est pour colmater, un tant soit peu, cette brèche qui ne cesse de vider la région de ses forces vives. Avant de devenir un autre Val Jalbert.

Au sujet du plancher d’emploi versus la sous-traitance, l’autre jour, vous parliez de tenir un large débat sur la question. Plus tard, vous vous en teniez à en restreindre la portée au niveau des membres des chambres de commerce de la région. Maintenant, vous en êtes rendu à tenir des sondages maison. Pathétique! Vous parlez de descendre dans la rue pour dénoncer RTA en croyant que cela va ébranler la compagnie. Je vous trouve bien naïf. Vous vous dites libre de penser comme vous le voulez. C’est le moins que l’on puisse espérer dans une démocratie.

Mais si, dans votre rôle, vous jouissez aussi d’une certaine liberté d’agir, qu’attendez-vous pour convier les différents intervenants de la société civile à faire ce débat régional auquel vous avez tant cru, à un certain moment?

Marcel Lapointe, Saguenay.

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