vendredi 23 décembre 2011

Question d'éthique journalistique

On peut faire dire aux chiffres ce qu’on veut, dit la maxime. Seulement, des chiffres cités à partir de sources fiables leur donnent infiniment plus de crédibilité que leur contraire. La chroniqueuse, Miriam Ségal, ne cite pas sa source concernant des chiffres lancés dans une récente chronique au Quotidien intitulée « Minounes pécheresses ». Elle y affirme que 98% du CO2 émane de la vapeur d’eau, des volcans, des flatulences animales; que le reste, 2%, est de sources humaines et que de ce dernier, 17% provient de l’industrie et 14% des transports. Par ailleurs, selon une chronique de Claude Villeneuve parue dans le Quotidien du 24 avril 2110, chaque année, les humains émettent 50 milliards de tonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère. Le CO2 émis par les volcans est de 500 millions de tonnes. 100 fois moins.

On objectera que les chiffres cités par madame Ségal ne sont pas nécessairement faux, ni en contradiction avec ceux du professeur Villeneuve. Bien que je sois d’opinion que le 17% lié à l’industrie et le 14% au transport se rapportent aux 50 milliards de tonnes de CO2 émises dans l’atmosphère, plutôt qu’au 2% venant de l’activité métabolique des humains. Au reste, cela ne devrait pas avoir pour effet de soustraire ceux qui s’adressent au public de l’obligation de citer leurs sources lorsqu’ils lancent des chiffres. Sinon, cela laisse la porte ouverte toute grande au « trafiquage » des chiffres dans le but de tromper.



Mais, il y a plus. Que laissent sous-entendent les chiffres lancés par Miriam Ségal? Que le CO2 émanant des humains, 2% du total, est si infime que cela n’a rien à voir avec le réchauffement de la planète. Complètement aberrant! Celles et ceux qui partagent les croyances de madame Ségal, auraient tout intérêt à lire un traité simple sur le CO2 produit par les activités humaines : comme, par exemple, le fait de conduire une minoune. Il en existe de très faciles d’accès que même un écolier de cinquième année est en mesure de comprendre.

Utiliser un tel subterfuge pour exclure l’influence véritable du Co2 sur les changements climatiques dont nous avons presque perdu le contrôle, cela s’appelle travestir la vérité. Si le CO2 produit tout naturellement était le seul qui existe présentement sur la terre, les scientifiques du GIEC ne nous mettraient pas en garde, depuis des années, contre le phénomène des changements climatiques provenant principalement de ce gaz à effet de serre. Et probablement que Georges Moustaki n’aurait pas eu à écrire sa chanson : « Il y avait un jardin qu’on appelait la terre ».

Une question me tracasse par ailleurs: comment le Quotidien qui se permet, comme lui seul sait le faire, de nous corriger, nous les porteurs d’opinion, a pu laisser passer des propos dénués, à ce point, de rigueur?

Marcel Lapointe, Jonquière.

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