jeudi 15 décembre 2011

Robin des bois des temps modernes

Quant au bras de fer qui vient de débuter entre le syndicat et Rio-Tinto-Alcan, Denis Bouchard, éditorialiste au Quotidien, nous fait connaitre, ce matin, dans une charge à fond de train contre Marc Maltais, président de STAA, dans lequel des deux camps il campera. Le contraire m’aurait étonné, parce que c’est le propre et l’obligation des journalistes payés par les conglomérats qui régissent toute l’information médiatique au Québec, de se mettre au service de leurs maîtres à penser lorsqu’ils en donnent la commande. Mon seul point d’interrogation était de connaître le moment où Denis Bouchard allait recevoir son mandat.

Si le syndicat avait voté à 51 % pour la grève, pas besoin de vous dire les propos qu’aurait alors sortis des archives du journal, monsieur Bouchard, pour dénoncer une position syndicale trop timorée, trop divisée et tutti quanti. Maintenant que le vote syndical est sans équivoque, c’est le moins qu’on puisse dire, monsieur tombe à bras raccourci sur le chef syndical qu’il va même comparer à Staline. Faut le faire ! Et les syndiqués eux? Tous des demeurés, des moutons de Panurge? J’espère qu’au moins un militant de STAA va se charger de répondre au journaliste sur cet aspect. Oui, il est nécessaire de répondre, un moment donné, à l’insulte à l’intelligence. Et pas toujours pas la voix de ces dirigeants.

À Saguenay, y pas que les politiciens qui deviennent émotifs quand les enjeux deviennent de véritables remises en question d’un système économique qui ne fait qu’élargir les inégalités entre quelques riches et une classe moyenne qui est en train, entre autres avec la sous-traitance, de rejoindre les classes démunies de la société. Et je vais vous dire une chose : ben content d’apprendre que la moyenne des salaires des gars du STAA frise les cent mille piastres. Parce que c’est de l’argent qui ne va pas les poches d’une compagnie qui engrange des milliards de profits, même dans une crise économique qui n’en finit plus; parce que ce sont moins de primes versées aux patrons; parce que ce sont moins de dividendes versés à des actionnaires qui ne contribuent en rien à l’activité économique. Contrairement aux travailleurs de l’aluminerie qui dépensent à Alma et qui font ainsi tourner, un peu du moins, l’économie régionale.

Denis Bouchard s’étonne que d’une part le syndicat se batte pour un plancher d’emploi. Ringard dit-il dans une économie de plus en plus supportée par la technologie. Mais, il ne voit pas de problème avec des emplois créés en sous-traitance, sans aucune protection ni garantie, dans ce même contexte. Son argumentaire, à ce propos, est teinté de mauvaise foi, alors qu’il devrait connaître les conditions de rémunération et normatives, quand il y en a, qui sont le lot des travailleurs « sous-traités ».

En conséquence, j’appuie la lutte du STAA qui, en quelque sorte, est aussi la nôtre. Parce que je ne vois aucun problème à ce qu’un syndicat aille soutirer le maximum d’avantages d’une compagnie comme Rio-Tinto qui, ici, au Saguenay-Lac-Saint-Jean s’accapare, non seulement le beurre, mais aussi l’argent du beurre. En en relayant ainsi une grande partie à la communauté jeannoise, le STAA fait, de la sorte, figure de Robin des bois des temps modernes.

Le visionnaire Nicholas Ledoux a dit : « Il ne faut pas désespérer, car le cahos progresse ». Et j’ajoute qu’il progresse d’autant mieux si on se tient debout pour défendre nos intérêts oui, mais en même temps, les intérêts de toute une communauté. Prétendre le contraire, c’est défendre une vision moyenne-âgeuse de la société : une société de porteurs d’eau et de valets de service.

Marcel Lapointe, Jonquière.

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