En choisissant le 49e parallèle pour déterminer la limite inférieure de son Plan Nord, le gouvernement sème la controverse. S’il l’avait plutôt tracée au 50e, les entrepreneurs forestiers, les syndicats et les politiciens locaux n’auraient pas déclenché d’alerte rouge au sujet d’une zone de 50 % à exclure de toute activité industrielle au-delà du 49e.
Mais le gouvernement Charest aime lancer des sondes pour connaître le pouls des populations; quitte à réajuster le tire sinon à retirer ses projets. Jean Charest est à l’aise avec cela et je le soupçonne même d’en faire un outil de stratégie électorale. Le retrait du gouvernement d’un projet de centrale électrique au charbon à Beauharnois et de la privatisation d’une partie du Mont Orford ainsi que relâchement de la pédale sur l’exploitation des gaz de schistes témoignent, à mon sens, d'une façon de gouverner qui, somme toute, ne lui a pas nui jusqu’ici.
Pour revenir à la controversée zone de 50 % à préserver de toute prédation humaine dans le Plan Nord, les libéraux ont créé la zizanie. Au concert des syndicats, entrepreneurs et politiciens, qui prétendent que cette application de la « zone 50 » va tuer ce qui reste d’industrie forestière au Saguenay-Lac-Saint-Jean (le gros de l’activité forestière chevauche le 49e) se sont greffés les autochtones et les écologistes. Les Innus de Masteuiash et d’autres communautés autochtones manifestent d’importantes réserves, craignant pour leurs droits ancestraux. Les groupes environnementalistes accusent le gouvernement de manquer à son engagement : un 12 % serait exclu de cette « zone 50 ».
Si une image vaut mille mots, une carte présentée dans le Quotidien du 9 décembre dernier ne nous dit rien sur cette « zone 50 ». On y voit bien des zones numérotées situées au-dessus de la ligne du 49e parallèle, mais aucune indication quant à des endroits spécifiques qui délimiteront cette zone d’exclusion. Et ce qui me turlupine: on n’entend jamais les opposants parler de l’autre 50 % : celui que le Plan Nord réserve à l’exploitation industrielle. Une joute politique larvée opposant libéraux et péquistes n’est-elle pas en train de se jouer sous nos yeux?
Élisabeth Proulx, Lac Saint-Jean.
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