Notre avenir économique doit-il passer par encore plus de salamalecs, de courbettes envers ceux qui représentent le grand capital au Saguenay-Lac-Saint-Jean? Non, diront nos bien-pensants faiseurs d’opinions et leurs sous-fifres, mais…
Marc Urbain Proulx, l’économiste et professeur à l’UQAC, dans un récent commentaire paru dans le Quotidien de Saguenay, nous apprend que dans les derniers trente ans, il s’est perdu 8000 emplois dans la région. Ce commentaire, je trouve, arrive à point nommé en même temps que l’éditorial de Denis Bouchard dans le même journal qui, encore une fois, met toute la gomme pour diaboliser les syndiqués de Rio Tinto à Alma. Des chuchoteurs qui craignent les purges et les goulags staliniens de leur chef syndical et sa garde rapprochée. Je l’ai croisé l’autre jour. M’avait pas l’air si pire.
Revenons à ces emplois partis en fumée. Qui plus est, des emplois à valeur ajoutée, de plus en plus rares aujourd’hui dans l’aluminium et la foresterie. Des emplois générateurs de retombées économiques très généreuses. Que ressentiriez-vous, si comme Séraphin, votre maison passait au feu avec toutes vos économies à l’intérieur?
Dans son même commentaire, l’économiste mentionne une phrase lourde de sens : « Notons que s’accroit constamment la part en pourcentage de matières premières expédiées à l’état brut ». Ciarge! Ce dur rappel à la réalité signifie que depuis la mort de Maurice Duplessis à la fin des années 50, les choses ont peu changé concernant l’apport de l’entreprise privée, grosse, moyenne ou petite à notre enrichissement collectif. Le paradigme de notre économie régionale se résume, à peu de choses près, au contentement de salaires, en quantité autant qu’en qualité, générés par une économie basée sur la production du secteur primaire (matières premières).
On a laissé à d’autres, les Américains surtout, le pactole lié la transformation. À nous les lingots, les boulettes et les billots; aux autres les autos, les navires, les avions, et le bois d’ingénierie. C’est l’économie générée par le secteur tertiaire (services) qui fait que notre région n’est pas devenue un grand site patrimonial, parsemé de « zones franches » réservées aux minières, alumineries, forestières. Pour qu’elles puissent venir y puiser, sans vergogne, le nécessaire à enrichir davantage le 5 % de la population mondiale qui s’approprie 40 % des richesses du globe. C’est ce que craignent d’ailleurs d’éminents économistes au sujet du Plan Nord de Jean Charest.
Et tout cela s’exécute sous l’œil bienveillant de politiciens, grands et petits, marionnettes d’agences de « décotation » et de banques aux pratiques pour le moins douteuses, comme les « TBTF ». Elles sont une trentaine sur la planète ces « trop grosses pour faillir » qui édictent le nouvel ordre mondial auquel les peuples devront se soumettre sous peine de voir acculer leurs États à la faillite. Premier acte du grand chambardement : nommer des banquiers technocrates à leur tête.
Quand je pense à la saignée économique provoquée par ces 8000 emplois disparus, je ne peux m’empêcher de supporter l’action du STAA à Alma. Ils cherchent à sauver ce qui nous reste de « dignité économique » avant que les multinationales ne fassent table rase.
Nous avons, ici comme ailleurs, nos rois nègres, nos roitelets, qui veulent convaincre le peuple que notre avenir passe par la création d’emplois de « nègres blancs ». La généralisation de la sous-traitance dans la région par les multinationales est un énorme piège à cons. La multiplication des pains en pains plus petits comme résultat. Peut-être, y a-t-il une dose de « caricatural » dans cette opinion. Et puis non, plus j’y pense!
Marcel Lapointe, Jonquière.
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